samedi 26 décembre 2015

Bird Box, de Josh Malerman




Génialissime !!

Ça faisait des lunes que je n’avais pas lu un roman aussi captivant. Je me suis retrouvée dès les premières pages prise au piège dans une ambiance angoissante, effrayante, oppressante...

Un thriller que l’on peut qualifier de post apocalyptique, fantastique et d’horreur.

L’histoire remue nos émotions car elle touche à nos peurs les plus profondes : l’inconnu, l’inexplicable, l’insécurité, l’enfermement, et surtout la folie…

Moi qui suis en pleine lecture des récits fantastiques de Maupassant, on peut dire que j’harmonise mes choix littéraires :-D (La folie, cet état destructeur dans sa forme extrême peut-elle tous nous atteindre ?)

Bird Box est le premier roman de cet auteur... eh bien on peut dire qu’il n’a pas loupé son coup !
Je suis totalement emballée par ce récit, et j’attends avec impatience de voir son adaptation cinématographique.


4ième de couverture :

La plupart des gens n'ont pas voulu y croire, les incidents se passaient loin, sans témoins…

Depuis qu'ils sont nés, les enfants de Malorie n'ont jamais vu le ciel. Elle les a élevés seule, à l'abri du danger sans nom qui s'est abattu sur le monde. On dit qu'un coup d'œil suffit pour perdre la raison, être pris d'une pulsion meurtrière et retourner sa violence contre soi. Elle sait que bientôt les murs de la maison ne pourront plus protéger ses petits. Alors, les yeux bandés, tous trois vont affronter l'extérieur, et entamer un voyage terrifiant sur le fleuve, tentative désespérée pour rejoindre une colonie de rescapés. Arriveront-ils à bon port, guidés seulement par l’ouïe et l’instinct ?

vendredi 6 novembre 2015

La route sombre, de Ma Jian




Mon Dieu, quelle tristesse !

On peut dire que l’auteur n’aura pas cherché à embellir les choses dans ce roman ! Nous sommes à des années lumières de l’image lisse que les autorités chinoises tentent de présenter au monde….

Meili, le personnage principal de cette histoire, est une jeune paysanne pleine de courage et d’ambition. Elle sera le porte-parole de millions de femmes chinoises, écartelées entre tradition et modernité, désir d’émancipation et devoirs filiaux, sans oublier la soumission à l’Etat.

En lisant ce livre j’ai appris énormément de choses, des choses que je ne soupçonnais pas… j’étais bien au courant que la Chine et les droits de l’homme faisaient deux, comme tout le monde, mais là !!!

En suivant Meili durant une décennie, divers aspects sociétaux sont mis en lumière : d’abord et avant tout, les conséquences de la fameuse politique de l’enfant unique dans ce pays (dernièrement parait-il que cette mesure a été «  assouplie »), c’est le cœur du travail de Ma Jian dans cette œuvre.

En parlant de cœur, il faut l’avoir bien accroché pour plonger dans la réalité des mesures mises en œuvres pour appliquer cette loi de l’enfant unique, et autant le dire tout net, c’est glauque !

L’héroïne étant une paysanne (pauvre donc), seules les conditions de vie de cette partie de la population sont dénoncées. Dans les campagnes,  mais aussi sur les routes et le réseau fluvial,  le destin souvent sombre de milliers de travailleurs itinérants condamnés à errer de ville en ville sans jamais pouvoir se poser légalement.

J’ai découvert à cette occasion qu’il existait en Chine ce qu’ils appellent «  le permis de résidence » soit rural, soit urbain… difficile de concevoir qu’un citoyen n’est même pas libre de s’établir où bon lui semble, de tenter sa chance ailleurs que dans son village natal.

Pour ceux que ça intéresse, voici une explication détaillée sur le sujet :


Parallèlement à tout cela, il y a la corruption, l’abus de pouvoir, des trafics humains en tous genres, et le problème de la pollution, largement évoqué dans ce récit.

Pour parler de la qualité d’écriture, je l’ai trouvée agréable, et les personnages attachants (surtout Meili), et malgré la noirceur du thème, l’histoire est addictive (en tout cas elle l’a été pour moi).

Bonne lecture à ceux qui auront le courage de se pencher sur cet univers.





mercredi 28 octobre 2015

Crime d'honneur, de Elif Shafak




Dans ce roman, l’auteure nous entraîne dans un petit village kurde au bord de l’Euphrate. Elle raconte l’histoire d’une famille de paysans  du fin fond de la Turquie, loin de l’agitation des grandes villes.

Avec simplicité et délicatesse, elle montre le visage d’une culture d’un autre âge, où le cours du temps semble s’être arrêté. Familles nombreuses, nécessité d’engendrer des descendants mâles, traditions, religion et superstitions intimement mêlées.

A travers l’enchevêtrement de toutes ces vies, elle aborde également le déracinement culturel, poussé par le besoin de trouver un emploi, de survivre. S’exiler en occident c’est porter sur son dos son passé, ses principes moraux, traîner derrière soi le poids de ses peurs et de ses regrets.

Sans jamais juger ni condamner, Elif Shafak incarne tour à tour le bourreau ou la victime, l’homme ou la femme, les anciens ou la nouvelle génération, celle qui est née dans le nouveau pays et tente d’y trouver sa place.

Difficile de s’intégrer dans une culture qui est en totale opposition avec celle de ces ancêtres. Trouver ses marques sans vaciller, être moderne tout en honorant sa famille.

L’honneur…parlons-en ! l’honneur d’une famille qui tient presque exclusivement à la vertu de ses femmes, mère ou filles, et qui peut conduire à bien des drames, à bien des vies brisées, des malheurs et du chagrin. 

Hommes et femmes sont enfermés dans un carcan éducatif dont le schéma se perpétue à travers les générations. Les mêmes principes sont transmis, de mère à enfants, et reflètent les valeurs d’une société. Comme c’est souvent le cas (toujours ?), les règles de bonne conduite sont impitoyables quand elles sont appliquées aux femmes, et bien laxistes quand il s’agit des hommes…

Au final, qu’il s’agisse des uns ou des autres, l’élan du cœur est ignoré, brisé et dévalorisé.


Le regard de l’auteure est comme toujours tellement plein de douceur et d’amour qu’il incite à la compréhension et à l’ouverture d’esprit.

Un sujet délicat abordé avec beaucoup de pudeur, un roman bouleversant…




vendredi 16 octobre 2015

L'effet domino, de Alex Scarow



J’ai appris par hasard que La théorie des dominos avait une suite…

Aussitôt achetée, aussitôt lue !

J’ai été ravie de me replonger dans ce scénario, de retrouver l’héroïne  et surtout d’apaiser la frustration et le goût d’inachevé que  j’avais ressenti en refermant le premier tome.

La théorie des dominos était axée sur la période de l’effondrement pétrolier, et le début du chaos qui en a résulté. L’effet domino quant à lui se déroule essentiellement une décennie après ce bouleversement.

Comment l’humanité a-t-elle survécu sans pétrole ? Comment les survivants se sont-ils organisés ? L’homme va-t-il reproduire les mêmes erreurs ? Va-t-il tout faire pour retrouver son petit confort d’avant ? Les schémas de l’histoire sont-ils condamnés à se reproduire ?

J’ai trouvé que ce roman était qualitativement bien supérieur au précédent, à tous points de vue. La qualité de l’écriture, la richesse du récit, le suspense et toutes les émotions que j’ai pu ressentir au fil des pages.

A travers cette histoire, l’auteur attire notre attention sur notre mode de vie et sur la pérennité des sociétés de consommation….Mais comme il le dit lui-même à la fin du livre (et qui résume bien l’état général, je pense) :


«  Mais suis-je convaincu que les gens se réveilleront à temps et prendront ces décisions pénibles ? Pfft ! Non, je ne le crois pas. Nous sommes pareils à des enfants….incapables de résister aux récompenses, de renoncer à nos privilèges, de vivre sans notre petit confort et sans tout ce que nous possédons et qui nous aveugle. Nous nous contentons de rester assis tranquillement à regarder le monde courir à sa perte. » 

mercredi 29 juillet 2015

La théorie des dominos, de Alex Scarrow






Qu’arriverait-il s’il n’y avait plus une goutte de pétrole en circulation ?
Voilà l’objet de ce roman d’anticipation. Une question que nombre d’entre nous s’est déjà posé sans aucun doute.

L’intérêt de cette histoire est de nous faire prendre conscience de la fragilité de nos sociétés si civilisées. Notre complète dépendance des énergies nous rendrait extrêmement vulnérables en cas d’effondrement des systèmes d’approvisionnement mis en place. Les répercussions sur tous les autres domaines généreraient un chaos indescriptible.

Le fait est que nous serions bien incapables de survivre dans un environnement naturel ! Nous n’avons pour la plupart ni les connaissances ni les compétences pratiques pour nous débrouiller sans toutes nos commodités.

Et que dire des comportements humains en de pareilles situations ? En cas de stress, de peur et de faim, bon nombre se révélerait avoir un côté sociopathe bien éloigné du masque lisse et prévenant en vigueur quand tout va bien. Les codes de la société maintiennent un semblant d’ordre et de sécurité, mais le vernis est bien mince et se craquèle à la moindre secousse…

En ce qui concerne la qualité littéraire du roman, je trouve qu’il n’est pas de très haut vol. Les dialogues sont souvent convenus et stéréotypés. En fait, en le lisant, je me voyais bien regardant un téléfilm de catastrophe sur TF1 le samedi après-midi !
Ceci dit, le thème et la dynamique de la narration a fait que je n’ai pas lâché ce livre jusqu’à la dernière page, et j’aurais même bien aimé que l’auteur développe l’histoire dans un deuxième tome.
La fin laisse un goût d’inachevé assez frustrant…

mercredi 22 juillet 2015

Papillon de nuit, de Roger Jon Ellory






Après «  Seul le silence » ceci est mon deuxième rendez-vous avec l’auteur britannique.
Le roman est encore tout chaud de toutes ces heures passées entre mes mains, et une question me taraude : Pourquoi n’a-t-il pas été publié plus tôt en France ?!

R.J Ellory est un auteur à émotions. C’est ce qui  caractérise «  Seul le silence » et c’est aussi ce qui marque celui-ci, mais peut-être avec encore plus de profondeur, sans doute à cause de la situation du personnage principal, Daniel Ford, un condamné à mort américain.

Tout au long du récit, je me suis sentie en totale empathie avec cet homme. J’étais à ses côtés,  dans une Amérique bousculée, indécise et malmenée par des décennies de troubles politiques et sociaux.

Plus que tout, je m’interroge sur la légitimité de la peine capitale…. Coupables ou pas, comment des hommes peuvent-ils juger et condamner à mort d’autres hommes ? N’est-ce pas au final un meurtre légal ? Le meurtre peut-il être légal ?

Ce roman de plus de 500 pages a été une très belle découverte pour moi et je remercie les éditons SONATINE de l’avoir publié.

Et vous, êtes-vous prêts à suivre la danse du papillon de nuit ?










 

La 4ième de couverture :


Après l’assassinat de John Kennedy, tout a changé aux États-Unis. La société est devenue plus violente, la musique plus forte, les drogues plus puissantes que jamais. L’Amérique a compris qu’il n’y avait plus un chef, un leader du pouvoir exécutif, mais une puissance invisible. Et si celle-ci pouvait éliminer leur président en plein jour, c’est qu’elle avait tous les pouvoirs.

C’est dans cette Amérique en crise que Daniel Ford a grandi. Et c’est là, en Caroline du Sud, qu’il a été accusé d’avoir tué Nathan Vernet, son meilleur ami.

Nous sommes maintenant en 1982 et Daniel est dans le couloir de la mort. Quelques heures avant son exécution, un prêtre vient recueillir ses dernières confessions. Bien vite, il apparaît que les choses sont loin d’être aussi simples qu’elles en ont l’air. Et que la politique et l’histoire des sixties ne sont pas qu’une simple toile de fond dans la vie de Daniel, peut-être lui aussi victime de la folie de son temps.

Publié en 2003 outre-Manche, Papillon de nuit est le premier roman de R.J. Ellory. Récit d’un meurtre, d’une passion, d’une folie, il nous offre une histoire aussi agitée que les années soixante.


 

mercredi 15 juillet 2015

La bâtarde d'Istanbul, de Elif Shafak






Je me revois, assise à l’ombre d’un chalet de vacances en Auvergne, jetant un œil distrait sur le magnifique paysage qui s’offre à mon regard : un joli petit lac dans son écrin de verdure.
Mais aussitôt, mon esprit replonge dans le tumulte d’Istanbul. Un paradoxe saisissant entre le calme volcanique auvergnat et le chaos urbain stambouliote !

Elif Shafak, avec son style simple et fluide, a su m’emprisonner dans son récit au point de me réveiller au milieu de la nuit, pour lire encore quelques pages et avoir l’illusion d’apaiser mon addiction, tout en en laissant suffisamment pour le lendemain, et les quelques jours qui suivent et prolonger ainsi le plaisir de cette lecture.  

A travers le temps et l’espace, une partie douloureuse de l’histoire est abordée : le génocide arménien… Ce terme  vaudra d’ailleurs à l’auteure quelques soucis avec la justice turque.

C’est aussi une aventure humaine, avec un enchevêtrement de relations familiales, ses secrets, ses non-dits et des destins croisés.

Les pages de ce roman sont également parfumées aux multiples saveurs culinaires turques et arméniennes. Chaque chapitre a d’ailleurs pour titre le nom d’une épice ou d’un ingrédient. Ah que le monde est vaste et tellement de choses à découvrir !

C’est un roman multiculturel, un éventail de couleurs, un panache olfactif, une invitation à l’apaisement, à la compréhension de l’autre et à l’amitié. 


lundi 22 juin 2015

La chair et la grâce, d'Isabelle Pirot






L’histoire est celle d’un prêtre, certes, mais le fond ne traite pas de religion. C’est la vie d’un homme, Mathieu, qui aura employé toute son existence à se trouver lui-même. 

 
Il se souvient, et raconte. Son enfance, ses parents, sa scolarité, ses amis, sa carrière ecclésiastique…
Mathieu est quelqu’un de très sociable, jovial, agréable et avenant. Tout le monde ou presque, l’apprécie. Mais c’est aussi un être tourmenté, qui a peur de l’échec, peur de mal faire, de décevoir, il est indécis et ne trouve pas sa place dans cette vie.
Son besoin incessant de plaire et d’être aimé le pousse à cacher ses failles et l’empêche de s’affirmer.

J’ai trouvé le début du récit assez lent, ce qui m’a ennuyée, mais je me suis ensuite attachée au jeune breton, à ses souvenirs, à sa vie. L’intérêt du roman n’est pas dans la dynamique, car il ne se passe pas vraiment d’évènements surprenants, haletants, passionnants. Non, l’intérêt du roman réside dans sa lenteur et sa profondeur.

Isabelle Pirot prend le temps de creuser le personnage principal, mais aussi ceux qui auront marqué son existence.
Je salue d’ailleurs son travail d’écriture, que j’ai trouvé remarquable. Elle a mené une analyse de la conscience et des comportements humains, et soit dit en passant, elle n’est pas toujours tendre envers le monde ecclésiastique et dénonce les conventions sociales, plus marquées dans le domaine religieux, un domaine souvent rigide et très codifié.

Une histoire attachante, sensible et profondément humaine. 




Quelques extraits du livre:



* - Un jour, après une mise au point, et quand j'dis une mise au point, c'était plutôt la grosse chicane, le fils se met à crier : " Foutez-moi la paix, j'veux être libre!"
Ah Sainte Vierge, j'ai vu l'moment où son père allait l'écrabouiller! V'là qu'i'prend sa voix des profondeurs, j'l'entends encore : " Libre? Monsieur veut se donner d'l'air et voler de ses propres ailes? Eh ben, il a qu'à s'faire une malle à quat'noeuds et ficher l'camp!"
- Une quoi?
- Quoi une quoi? Un balluchon, quoi! Vous comprenez plus l'français?




* Nul n'offensa le Seigneur comme le fit l’Église. Par ses prises de position, par les supplices qu'elle infligea, par son langage et son interprétation du Verbe, elle truqua la vérité, meurtrit l'innocence, camoufla la parole révélée, faussa l'amour divin.




* Si le grain ne meurt, il reste seul.... Intact, mais sec.
Au contraire, s'il meurt, il deviendra germe et puis moisson...




* Qu'un homme éminent dont j'admirais la sagesse se fût attaché à moi jusqu'à me faire comprendre qu'il avait souffert de mon absence, j'avais peine à le croire. J'eus même la vulgarité de penser que Léonard devenait vieux et que sa solitude lui pesait. Me méprisais-je à ce point ?
Ceux que j'appelais mes amis, pourquoi étais-je intimidé qu'ils me reconnussent comme tels? Et dans ce cas, ne pouvais-je m'imaginer leur avoir manqué? Ignorais-je tout de l'amitié? " Ils m'aiment vraiment..." me répétais-je en marchant.





 * On ne peut pas dominer l'autre, l'asservir au nom de Dieu et prétendre se faire aimer.
" Vous, pauv'ouailles, ignares, tiraillés par l'angoisse d'être mortels, obéissez, laissez nous faire, nous saurons vous conduire à Dieu... "