dimanche 24 mai 2015

Le malade imaginaire, L'avare, Les fourberies de Scapin, de Molière





Avec ces trois titres, j’ai fait connaissance avec Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière.
Il s’agit vraiment d’un premier contact avec ses œuvres, puisque je n’ai même jamais vu une seule de ses pièces de théâtre jouée.

La langue de Molière m’a ravie. Ce français du 17ième siècle a des tournures de phrases et un vocabulaire qui m’ont enchantée, et les dialogues sont d’un comique tordant !

Molière se sert du rire pour aborder différents aspects de la société qui lui tiennent à cœur. Il y exprime ses idées en faisant le pont entre les vieux principes et ceux, plus modernes et progressistes.

A travers ses pièces, nous entrevoyons les conditions de vie des familles de cette époque (surtout les plus aisées), avec leurs serviteurs, valets, cochers, cuisiniers… etc , et l’éducation des jeunes gens, filles ou garçons, qui devaient se montrer obéissants voire soumis, envers leurs parents et surtout leur père.

Il est presque toujours question de mariages et d’amours contrariés dans ses pièces. A l’époque, les alliances entre familles étaient arrangées et fondées sur les intérêts, mais Molière, résolument moderne, y fait toujours triompher l’amour !

Pour finir, j’aimerais ici retranscrire une scène des fourberies de Scapin qui m’a particulièrement fait rire. Il s’agit de la toute dernière scène de la pièce.
Scapin a joué un mauvais tour à son maître, en se permettant de lui donner des coups de bâton pour se venger de lui, et par peur de représailles, il se fait passer pour gravement blessé et mourant afin de se faire pardonner…

SCENE 13 : Scapin, Géronte, Argante

Scapin : apporté par deux hommes, et la tête entourée de linges, comme s’il avait été bien blessé.
Ahi, ahi, messieurs, vous me voyez… Ahi, vous me voyez dans un étrange état. Ahi ! Je n’ai pas voulu mourir sans venir demander pardon à toutes les personnes que je puis avoir offensées. Ahi ! Oui, messieurs, avant de rendre le dernier soupir, je vous conjure de tout mon cœur de vouloir me pardonner tous ce que je puis vous avoir fait, et principalement le seigneur Argante et le seigneur Géronte. Ahi !

Argante : Pour moi, je te pardonne ; va, meurs en repos.

Scapin, à Géronte : C’est vous, monsieur, que j’ai le plus offensé, par les coups de bâton que…


Géronte : Ne parle pas davantage, je te pardonne aussi.
Scapin : ç’a été une témérité bien grande à moi, que les coups de bâton que je …

Géronte : Laissons cela.

Scapin : J’ai, en mourant, une douleur inconcevable des coups de bâton que…

Géronte : Mon Dieu ! Tais-toi.

Scapin : Les malheureux coups de bâton que je vous…

Géronte : Tais-toi, te dis-je, j’oublie tout.

Scapin : Hélas ! Quelle bonté ! Mais est-ce de bon cœur, monsieur, que vous me pardonnez ces coups de bâton que…

Géronte : Eh ! Oui. Ne parlons plus de rien ; je te pardonne tout, voilà qui est fait.

Scapin : Ah ! Monsieur, je me sens tout soulagé depuis cette parole.

Géronte : Oui ; mais je te pardonne à la charge que tu mourras.

Scapin : Comment, monsieur ?

Géronte : Je me dédis de ma parole, si tu réchappes.

Scapin : Ahi, ahi ! Voilà mes faiblesses qui me reprennent.

Argante : Seigneur Géronte, en faveur de notre joie, il faut lui pardonner sans condition.

Géronte : Soit.

Argante : Allons souper ensemble pour mieux goûter notre plaisir.

Scapin : Et moi, qu’on me porte un bout de la table, en attendant que je meure.






2 commentaires:

  1. Envoyer deux seigneurs boire à sa mort prochaine alors qu'on est en pleine santé, voilà bien l'acte d'un fourbe... S'en remettra-t'il ? :-)

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    1. oh, il arrivera bien à se tirer de cette situation aussi! :-D

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