mercredi 11 juillet 2018

Toutes blessent la dernière tue , Karine Giebel





Premier contact avec la plume de Karine Giebel, glaçant et très perturbant.

Je me suis lancée dans cette lecture de plus de 700 pages en m’imaginant y rester bien 15 jours… hé bien non, ce fut fini en 4 ! Les Chapitres sont très courts, et agissent comme des coups de sabre. Rapides, précis, blessants. Faciles à lire en dépit de la dureté du sujet et au suspens très efficace.

L’auteure traite de l’esclavage domestique des mineurs en France, et de la maltraitance des enfants en général.

Sujet douloureux et qui met très mal à l’aise, quand on pense que ça concerne tant de vies innocentes, de nos jours encore et dans un pays comme la France…

Tama, la fillette dont il est question dans ce roman noir, est une petite marocaine de 8 ans.

Tout ce qu’elle subit est terrifiant, et je serais bien tentée de dire «  inhumain », mais je me dis que si, justement, c’est très humain au contraire. Ça fait froid dans le dos de constater tout ce dont l’homme est capable de faire subir aux plus faibles.

Par plus faibles j’entends : les animaux et les enfants. Les femmes aussi, quand le tortionnaire est un homme, mais les femmes aussi peuvent être des tortionnaires, et de la pire espèce.

Les enfants qui finissent esclaves dans les pays riches sont vendus par leurs parents. Des filles principalement, puisqu’elles ont toujours eu moins de valeur que les garçons. Enfants venus d’Afrique ou d’Asie, dont les parents pensent (naïvement ?) qu’ils pourront ainsi avoir une chance de s’en sortir dans la vie.

-        -  " Laissez-moi votre fille, je l’emmène avec moi en France. Elle ira à l’école et fera de bonnes études. En contrepartie elle m’aidera pour les tâches ménagère " dit-elle dans un grand sourire fourbe. " J’ai connu sa mère jadis. On est du même village ! Miskina (la pauvre), elle aurait été contente que sa fille ait un avenir meilleur…"

- "  D’accord, d’accord…va avec la dame ma fille, et soit bien obéissante, ne fais pas honte à ta famille."

Entre-temps : monnaie, monnaie.
En   

 D        Départ en France, confiscation des papiers d’identité, esclave.


On a beau « savoir » que ça existe, pour en avoir entendu parler, n’empêche que le fait de lire toute cette horreur étalée sur papier, sous forme d’un récit, avec des personnages attachants, ça retourne les tripes.

Les bourreaux d’enfants sont monsieur et madame tout le monde, aussi bien le cadre dans sa grande maison que le traîne savates dans sa cité. 

Le déclencheur ? Avoir sous la main un être vulnérable, qui n’a pas d’existence officielle et qui dépend entièrement de son «  maitre ».

8 ans c’est l’âge idéal. Plus jeune c’est pas capable de bosser convenablement. Plus vieux ça a déjà pris des plis et ça prend plus de temps à dresser. Et quand on achète un esclave, on veut le moins d’emmerdes possible.

En fouillant un peu sur internet, je suis tombée sur des témoignages d’anciens esclaves…et ce qui est décrit dans ce livre n’est pas du tout exagéré, ça s’est produit et ça continue de se produire, derrière les fenêtres closes et les sourires de convenance. A vomir.

En parallèle de la vie d’esclave de Tama, l’auteure développe aussi toute une histoire qui vient se greffer sur la route de Tama et la fait basculer dans d’autres découvertes, d’autres sentiments…

J’encourage vivement cette lecture car elle touche et nous force à ouvrir un peu plus nos consciences et affûter notre vigilance.

Peut-être que votre voisin, ce monsieur (ou cette dame), tellement charmant, serviable et propre sur lui cache-il une petite Tama dans sa buanderie ?

Bonne lecture.





13 commentaires:

  1. Notre monde civilisé ne restera qu'un leurre tant qu'une frange honteuse de celles et ceux qui en profitent ne fera pas le simple effort de considérer autrui d'égal à égal. User d'un autre comme d'un esclave n'est pas un acte humain, c'est celui d'une bête sauvage cachée derrière une respectabilité imméritée.
    La chronique pousse à la lecture.
    Il semble y avoir au sein du roman un autre personnage intriguant ?

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    1. le fait d'avoir à sa merci un être sans défense et inexistant dans la société, fait ressortir la face sombre de certains...
      oui, il y a un autre personnage, très marquant aussi..

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  2. Je ne connais pas l'auteure et ai ainsi du mal à la cataloguer, l'étiqueter dans un créneau quelconque. La une de couv, son illustration, ne parle pas (ou peu) en ce sens. A quel type de récit a t'on affaire ? Vraisemblablement du polar..! Cet homme se greffant sans doute sur le destin de l’héroïne m'intrigue vraiment et pour en savoir plus il va me falloir lire. Et, tu n'en dira pas plus, je suppose...!

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    1. oui, polar, ou thriller psychologique, roman noir...
      et oui, tu supposes bien, je n'en dirai pas plus! :-) il est très épais mais se lit extrêmement vite tellement il est prenant..

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    2. "et oui, tu supposes bien, je n'en dirai pas plus! :-)"
      >>>>> Grrrrr. Il n'y a que deux possibilités: il est soit du côté clair de la force soit à son avers. Mais de ne pas savoir, hein, çà m'agace, çà m'agace...! Va me falloir passer par la case "achat". A moins qu'en mp tu n'en dises plus..?

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    3. va falloir passer par la case achat! :-D si j'en dis plus, il n'y aura plus trop d'intérêt à l'intrigue du bouquin...

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    4. Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr..! :-)

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    5. Je sais tout. C'est le colonel moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier..!

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  3. Qui ne dit mot consent.
    J'hésitais avec Mademoiselle Rose dans le salon avec un révolver..!
    Sacré Colonel Moutarde..!

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    1. punaise! j'ai mis du temps à comprendre qu'il s'agissait de personnages du jeu Cluedo :-D

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  4. J'ai découvert Giebel avec Les morsures de l'ombre et c'est une page turner! Les 4 jours pour finir 700 pages ne m'étonne pas! ce récit a l'air fort en émotion!

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    1. oui, j'ai été complètement accro dès le début..
      d'elle j'ai " meurtres pour rédemption" , que je n'ai pas encore lu... à cause du volume !
      mais si tous ses romans sont aussi addictifs, faut pas hésiter!

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  5. A y'est. J'ai lu et apprécié mon premier Giebel. Ce fut "Satan était un ange". L’intérêt commun que vous portez à l'auteure, Cheyenne et Nicolas, j'en ai enfin trouvé la bonne raison. Au suivant..!

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