Dans ce roman, l’auteure nous entraîne dans un petit village
kurde au bord de l’Euphrate. Elle raconte l’histoire d’une famille de
paysans du fin fond de la Turquie, loin
de l’agitation des grandes villes.
Avec simplicité et délicatesse, elle montre le visage d’une
culture d’un autre âge, où le cours du temps semble s’être arrêté. Familles
nombreuses, nécessité d’engendrer des descendants mâles, traditions, religion
et superstitions intimement mêlées.
A travers l’enchevêtrement de toutes ces vies, elle
aborde également le déracinement culturel, poussé par le besoin de trouver un
emploi, de survivre. S’exiler en occident c’est porter sur son dos son passé,
ses principes moraux, traîner derrière soi le poids de ses peurs et de ses
regrets.
Sans jamais juger ni condamner, Elif Shafak incarne tour
à tour le bourreau ou la victime, l’homme ou la femme, les anciens ou la
nouvelle génération, celle qui est née dans le nouveau pays et tente d’y
trouver sa place.

L’honneur…parlons-en ! l’honneur d’une famille qui
tient presque exclusivement à la vertu de ses femmes, mère ou filles, et qui
peut conduire à bien des drames, à bien des vies brisées, des malheurs et du
chagrin.
Hommes et femmes sont enfermés dans un carcan éducatif dont
le schéma se perpétue à travers les générations. Les mêmes principes sont
transmis, de mère à enfants, et reflètent les valeurs d’une société. Comme
c’est souvent le cas (toujours ?), les règles de bonne conduite sont
impitoyables quand elles sont appliquées aux femmes, et bien laxistes quand il
s’agit des hommes…
Au final, qu’il s’agisse des uns ou des autres, l’élan du
cœur est ignoré, brisé et dévalorisé.
Le regard de l’auteure est comme toujours tellement plein de
douceur et d’amour qu’il incite à la compréhension et à l’ouverture d’esprit.
Un sujet délicat abordé avec beaucoup de pudeur, un roman bouleversant…
Un sujet délicat abordé avec beaucoup de pudeur, un roman bouleversant…