mercredi 1 novembre 2023

L'été où tout a fondu, de Tiffany McDaniel

 

L’histoire se passe en 1984, en été, dans une banale petite ville de l’Ohio, aux USA.

Le narrateur, Fielding, un garçon de 13 ans au moment des faits, nous en dresse un charmant portrait, comme tout natif aime parler du lieu qu’il a toujours connu, dans lequel il a grandi et tissé des liens.

Fielding y vit avec sa famille dans une jolie petite maison. Son père, Autopsy Bliss est le procureur de cette ville. Homme singulier, toujours tiré à quatre épingles, a un esprit torturé par la justesse de son métier et le fragile équilibre entre le Bien et le Mal.

Sa mère Stella, riche héritière d’une usine de chaussures, vit recluse dans sa demeure, sans jamais mettre un pied à l’air libre.

Et puis il y a Grand, le grand frère beau, sportif et admiré de tous.

La torpeur de cette petite ville à la routine bien installée va basculer avec la visite du Diable en personne, et avec lui une chape de chaleur épouvantable.

C’est un récit sur la perte.

La perte des êtres chers, ceux qui ont laissé une empreinte durable dans nos vies, bonne ou mauvaise. Mais parfois les deux, comme les faces d’une même pièce.

La perte de la foi, de son innocence, de ses rêves.

La perte de tout ce qui donne un sens à la vie mais la nécessité de continuer malgré tout, de poursuivre son chemin comme une éternité sans fin. Un condamné à perpétuité dans la solitude, avec pour seule compagnie ses souvenirs, ses regrets.

C’est aussi un récit sur l’ambivalence de la nature humaine.

On recherche le Mal chez les autres, à l’extérieur de nous, comme un fautif tout désigné à nos dérives. Alors qu’il se révèle depuis notre puits profond, celui que l’on ne connait pas, jusqu’à ce qu’un évènement traumatisant le fasse surgir comme un diable de sa boite.

Être et paraitre. Ce que l’on est vraiment, ce que l’on aimerait être, ce que les autres aimeraient que l’on soit. La société toute entière projette ses désirs et ses dictats sur chacun d’entre nous.

Tiffany McDaniel a une écriture douce et délicate. Le tragique est présenté sans surenchère dans le drame. Il n’y a pas de volonté de heurter le lecteur. Mais cette lecture m’a tout de même profondément marquée. Elle a raisonné en moi et m’a émue, parfois jusqu’aux larmes.

Je considère ce roman comme mon coup de cœur de cette année. 

Bonne lecture.