vendredi 31 janvier 2020

Maria et le Templier, de Béatrice Nourry





Maria et le Templier est un récit moyenâgeux plein d’aventures et de rebondissements. Le fil rouge est bien entendu cette histoire d’amour impossible entre une veuve, mère de famille, et un chevalier templier. De l’Égypte aux Pyrénées, en passant par les Alpes, Nantes et Carcassonne, ils auront tous deux tout un tas d’épreuves et de dangers à affronter, se perdront et se retrouveront maintes fois, chacun luttant pour sa survie, sa raison ou ses sentiments.

Au-delà de cette magnifique histoire d’amour, c’est surtout le contexte historique qui m’a intéressée. 

Béatrice Nourry a effectué un travail de recherche remarquable. Tous les petits détails de la vie de tous les jours y sont retranscrits avec soin, comme le nom des vêtements, les langues parlées dans les différentes régions et bien d’autres choses, expliquées en notes de bas de pages.

Comme souvent lors de mes lectures, certains thèmes abordés me donnent envie d’en savoir un peu plus. Dans le cas présent, c’est l’histoire des Cathares qui a éveillé ma curiosité.

La famille de Jehan, le chevalier templier, a en effet été massacrée comme tant d’autres, en ce début de 13ème siècle, dans la région de Carcassonne et ailleurs dans le Sud-Ouest, car ils avaient épousé cette religion, considérée alors comme hérétique aux yeux de la Sainte Inquisition.

L’organisation de L’Ordre des templiers est également très intéressante. Je ne savais pas par exemple qu’ils avaient pour mission d’escorter les pèlerins qui souhaitaient se déplacer, en allant vers la Terre Sainte ou la quitter pour rentrer chez eux. Il est vrai que les routes étaient très dangereuses à cette époque, et les attaques de brigands fréquentes. 

La plume de l’autrice est agréable et claire, sans lourdeur. Cependant, j’aurais aimé qu’il y ait plus de développement et d’approfondissement dans le déroulement des faits, et même en ce qui concerne l’étude des personnages. J’ai souvent eu le sentiment d’un survol là où j’aurais préféré une immersion. 

Je pense qu’un récit avec un tel potentiel aurait largement mérité plus de 248 pages !

Bonne lecture.



Résumé de l'éditeur:


 1210, en Terre Sainte, dans le port égyptien de Damiette. Maria, veuve, veut retourner avec ses enfants dans son pays natal près de Nantes.

Jehan, chevalier templier, remplit une mission pour l'Ordre et souhaite rentrer dans les Pyrénées, revoir sa famille qui a embrassé la religion cathare et est persécutée par l'Inquisition.

La traversée puis le long voyage sur les côtes adriatiques et dans les Alpes vont se transformer en quête, retour de croisade pour les uns, retour aux sources pour les autres. Non exempt de dangers, tant dans la route à parcourir qu'au sein du groupe de pèlerins, le périple poussera les héros à aller au bout d'eux-mêmes, et parfois contre les leurs, au péril de leur vie. De leur rencontre naîtra un amour fort qui les conduira à dépasser les épreuves pour se retrouver.



mercredi 22 janvier 2020

La tresse de Jeanne, de Nathalie de Broc





Savez-vous ce qu’est un johnny ? (johnnies au pluriel)

Non ? Eh bien moi non plus, jusqu’à ce que je lise ce roman.

Nathalie de Broc nous embarque dans la Bretagne du début du 20ème siècle, et fait la lumière sur une profession aujourd’hui disparue, celle de johnny.

Les johnnies étaient d’abord des fermiers, cultivateurs d’oignons roses, réputés pour leur saveur, leur qualité et surtout leur bonne conservation. Chaque été, ils se regroupaient en Compagnie, sous l’autorité d’un Master, et partaient en Grande-Bretagne, la cale du navire chargée d’oignons. Une fois sur place, ils se dispersaient à travers l’Angleterre, un bâton chargé de tresses d’oignons sur l’épaule, et faisaient du porte-à-porte pour vendre leur marchandise. Ils revenaient huit mois plus tard, les poches pleines de pièces. 

Jeanne est la fille de l’un d’entre eux, Louis Querrien

A 8 ans, elle apprend que le navire transportant, entre autres, la Compagnie de son père, chavire et coule en mer, à proximité de Saint Malo. Il n’y a que cinq survivants, et les corps des noyés s’échouent par dizaines sur les plages. Mais pas son père, qui est alors porté disparu.

Tout le monde le considère comme mort, mais pas Jeanne, qui restera persuadée pendant des années qu’il est quelque part, de l’autre côté de la Manche.

A 16 ans, elle décide de s’engager à son tour dans une Compagnie, d’apprendre le métier de son père et d’avoir ainsi l’opportunité de poursuivre sa Quête. 

Première femme johnny, arrivera-t-elle à se faire accepter dans ce milieu exclusivement masculin ? pourra-t-elle seulement être une johnny digne de ce nom ?
Et surtout, trouvera-t-elle son père ? Sa Quête n’est-elle pas une chimère de petite fille ? 

J’ai aimé la plume de Nathalie de Broc, sa manière de brosser le portrait de ses personnages, la description de l’ambiance du récit, la documentation historique, l’intrigue et son dénouement. 

Ce fut une lecture très agréable, émouvante, prenante et instructive. Une belle découverte qui me donne envie de me pencher sur les autres œuvres de cette autrice.

Bonne lecture ;-)




mardi 14 janvier 2020

Le Ventre de Paris, Emile Zola




Tome 3 de la série des Rougon-Macquart, c’est celui qui m’a le plus plu jusqu’à présent. 

Toute l’histoire se passe dans les Halles de Paris, au début de la deuxième moitié du 19ème siècle. Et pour la première fois, nous n’avons pas affaire directement à l’un des membres de la famille des Rougon-Macquart, en tout cas pas directement, puisque l’un des personnages principaux (la belle Lisa) est tout de même une nièce de Saccard, personnage principal du tome précédent. 

Ici, le héros, ou devrais-je dire l’anti-héros, c’est Florent. Il est le beau-frère de la belle Lisa.
Trentenaire d’une extrême maigreur, il débarque un beau jour chez son frère en lui demandant aide et assistance, car Florent est un bagnard échappé de Cayenne, où il a passé quelques années après avoir été accusé à tort de meurtres et d’insurrection contre l’Empire.

Là débute sa nouvelle vie, aux côtés de son frère Quenu, sa femme Lisa, et de leur fille Pauline. Cette famille de charcutiers tient une belle boutique juste en face des fameuses Halles. 

Zola nous offre encore une fois dans ce volume un panache de descriptions. Tous les étals des Halles y passent. Une orgie de nourriture offerte à la vue, dans un tourbillon de couleurs et d’odeurs.

Ce que j’ai trouvé particulièrement savoureux, ce sont les personnages de ce récit. Il y a d’un côté les gros, les gras, les luisants, enserrés dans leurs habits, près à éclater de trop bien manger, et de l’autre, les très maigres, les faces jaunes, les mendiants, les aigris, les chapardeurs, les envieux.

Tout ce petit monde vit, commerce, se déchire, se réconcilie, épie, ment, dénonce et monte en neige les plus infimes détails. 

Cette société des Halles est certainement représentative de la vie parisienne de cette époque, empêtrée dans ses contradictions, ses satisfactions ou ses frustrations. 

Que fera Florent au milieu de cette famille de gros ? Que fera-t-il de sa nouvelle vie au milieu des Halles ? Finira-t-il par se faire accepter malgré sa trop grande maigreur et son visage de malheur ? 

Son estomac rétréci et ses idées de changements et d’équité sociale ne vont-elles pas se heurter aux panses rebondies de tous ces commerçants, biens dans leurs tabliers et heureux de pouvoir continuer à amasser du gras dans les bocaux ? 

Bonne lecture ;-)