lundi 31 octobre 2022

La planète aux embûches, de Clifford D. Simak

 

 

Autant le dire tout de suite, la couverture du livre n’a rien à voir avec le contenu du récit.

Ce roman, paru initialement en 1982 et en 1984 dans sa version française, est assez court, puisqu’il ne compte que 250 pages en format poche. C’est de la science-fiction qui semble assez vieillotte au départ, dans le style et l’ambiance, mais qui a tout de même accroché mon attention dès les premières pages.

Le personnage principal, un Professeur d’université, Edward Lansing, se retrouve propulsé malgré lui dans un monde inconnu, aux côtés d’autres personnages venus d’ailleurs. Tout ce petit monde ignore comment et pourquoi il a été arraché à sa planète d’origine et à son temps pour se retrouver dans ce lieu insolite. Quel est le but de tout ceci ? Est-il seulement possible de faire le voyage de retour ?

Lansing et ses compagnons d’infortune sont aussi différents les uns des autres que peut l’être le panel de l’humanité, tant dans leurs personnalités, leurs métiers, leurs sensibilités ou leur manière d’aborder l’énigme qui se présente à eux à travers ce voyage spatio-temporel. Chacun va d’ailleurs réagir différemment aux embûches de cette planète. Certains y laisseront la vie.

Je n’ai pas pu deviner la finalité de cette histoire jusqu’aux dernières pages.

Étant donné le contexte de ce périple, il est aisé de céder à la panique, au désespoir, de se laisser absorber par le néant… Mais Simak, en grand humaniste, laisse tout de même une porte de sortie à l’être humain, pour peu qu’il se donne les moyens de donner le meilleur de lui-même, d’utiliser son intelligence et sa morale dans un but noble.

J’ai passé un bon moment de lecture, hors du temps, et à l’image des personnages du roman, je me suis sentie désorientée, la tête pleine d’interrogations, essayant de comprendre ou deviner la suite des évènements.

Je me dis que finalement, même si les épreuves de cette planète semblent extrêmes et déstabilisantes, la question du but de nos existences se pose. Nos existences au sens individuel mais aussi et surtout global.

Le schéma d’évolution de l’humanité est-il viable ?

Bonne lecture.

 


 

mercredi 18 mai 2022

L'Epidémie, de Asa Ericsdotter

 

 

L’Épidémie est un roman suédois paru initialement en 2016, avant d'être traduit en français.

C'est, parait-il, une dystopie. Ça l'était certainement à l'époque mais après avoir vécu l'épisode du Covid, on peut se dire que la situation dramatique décrite dans ce roman et la réalité ne sont pas si éloignées que cela.

Que dis-je? Ce qui se passe en ce moment même en Chine nous démontre que le quotidien d'une partie du peuple chinois est une dystopie bien réelle!

L'ingrédient phare de ce récit est l'obésité ( ça aurait pu être un virus à très faible létalité).

Le premier ministre suédois, Johan Svärd, un homme charismatique au regard envoûtant, a crée Le Parti de la Santé.

Son cheval de bataille est d'éradiquer l'obésité dans son pays. Vivre mince c'est vivre en bonne santé et ça évite des dépenses inutiles à la société.

La propagande officielle a réussi à embarquer toute la population dans cette guerre folle contre le surpoids, à discriminer et à susciter le dégoût envers toutes les personnes qui n'entrent pas dans les normes de maigreur.

Tout un tas de mesures ont été mises en place graduellement pendant des années. Chaque acceptation de la part de la population, ou chaque absence de réaction ouvrait la voie à une nouvelle mesure encore plus drastique que la précédente, jusqu'à l'horreur.

Dans tout ce magma en putréfaction, quelques  âmes éveillées ont refusé de se soumettre et ont entrepris de lutter pour leur liberté.

J'ai été happée par cette histoire dès les premières pages. Ce récit est non seulement dramatiquement passionnant, mais j'ai aussi trouvé que les procédés mis en place pour contrôler toute une population étaient quasiment en tous points identiques à ce qui s'est passé pendant la "crise du Covid".

Même recette avec simplement des ingrédients différents.

On peut donc en conclure que les méthodes du contrôle mental et de manipulation des masses sont connues et appliquées par les gouvernants.

Par conséquent, il serait bien illusoire de leur confier la gestion de nos vies et nos libertés en croyant qu'ils agissent toujours pour notre bien, tels des parents bienveillants face à une progéniture dépendante.

Le déni d'une grande partie de la population face à la malveillance des gouvernants vient justement qu'il est difficilement acceptable, psychologiquement, que des personnes démocratiquement élues, dans un pays libre, puissent agir contre le peuple.

Ces personnes n'ont-elles pas été placées au pouvoir, rênes en mains, afin que le peuple puisse rester tranquillement dans sa léthargie, travaillant et consommant? Il est tellement plus simple et commode de suivre les règles sans se poser de questions.... Car réfléchir et garder un esprit critique c'est voir ce qui nous menace et nous nuit. Cela sous-entend donc une obligation d'agir, de s'engager et de lutter. Cela veut surtout dire se marginaliser, nager à contre-courant, prendre des risques, perdre des privilèges, être sanctionné et ne plus pouvoir se noyer dans un confort débilitant.

Bonne lecture. 

 

Voici le résumé du l'éditeur:

 Le politicien Johan Svärd a pris le pouvoir grâce à une victoire électorale historique. Sa promesse de campagne : éradiquer l'obésité. Le jeune chercheur Landon Thomson-Jaeger voit alors sa copine tomber petit à petit dans l'anorexie, et les églises se transformer une à une en centres de santé. C'est en essayant d'échapper à la propagande qu'il rencontre Helena, qui vient de perdre son emploi car les infirmières ayant de l'embonpoint ont, selon le Parti, une influence néfaste sur les patients.
Le Parti de la Santé est prêt à tout pour faire disparaître l'obésité. D'ailleurs, où sont passés les obèses ? Quand Helena disparaît à son tour, Landon part à sa recherche et fait sur son chemin des découvertes qui font froid dans le dos... que se passe-t-il dans les "camps pour obèses" du Parti, et jusqu'où iront les contrôles ? Le climat social est rude et la menace pèse...




mercredi 13 avril 2022

Les soldats de la mer, de Yves et Ada Rémy

 

 Les soldats de la mer est un recueil de 17 nouvelles fantastiques, initialement paru en 1968.

Les nouvelles sont à lire dans l’ordre, car il y a une ligne chronologique à suivre, et une évolution progressive de ce drôle d’univers guerrier. On pourrait presque considérer cette œuvre comme un roman, même si chaque nouvelle, ou chaque chapitre se concentre sur un nouveau personnage.

L’univers créé par les auteurs est similaire au nôtre, à ceci près qu’il possède deux lunes.

Les récits se déroulent dans une ambiance brumeuse, froide, incertaine. Les Nations ont des noms différents, mais rappellent notre monde occidental et ses velléités dominatrices vis-à-vis des autres pays.

Le style de l’écriture est en adéquation avec l’époque dans laquelle se situe ce monde fantastique, que je placerais au 19ième siècle.

Le monde militaire ne m’attire pas spécialement. Ses soldats, ses bataillons, ses guerres et ses stratégies expansionnistes. J’ai donc eu un peu de mal à accrocher au thème, même si le titre ne laisse pas d’ambiguïté sur son contenu ! Bref, au-delà du monde militaire, la manière d’entrer dans chaque nouvelle m’a un peu déconcertée, dans le sens où je me suis sentie perdue dans cet amas de noms inconnus et cette immersion soudaine dans chaque nouveau récit, sans chercher à dessiner les contours du pourquoi et du comment. Ce malaise de lecture est passé lorsque j’ai compris qu’il me suffisait de simplement me laisser porter par l’histoire, sans chercher à maitriser tous les personnages présents et à me concentrer sur le seul héros du moment. Les choses devenaient alors claires au fur et à mesure que se déroulait l’intrigue, jusqu’au dénouement fantastique final.

Cette touche fantastique concerne des thèmes assez classiques, comme les revenants, les vampires, les mondes parallèles.. etc

A noter que la toute dernière nouvelle, «  Fondation », ne doit absolument pas être lue avant la fin, car elle explique l’existence de ce Monde !

J’ai donc passé un bon moment de lecture et une évasion imaginaire bienvenue dans un quotidien plutôt morose. 

 

 


 

jeudi 10 février 2022

Nothing Man, de Jim Thompson

 

 Voilà un roman noir d'un peu plus de 300 pages qui se lit vite et bien, ou presque.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, mais une fois que les contours de l'intrigue se sont dessinés, je n'ai plus voulu lâcher le livre!

Brown, Brownie pour les intimes, est ce Nothing Man ou Monsieur zéro, selon les versions.  

Pourquoi donc ce pauvre homme est-il désigné de la sorte?

Assez rapidement on comprend pourquoi, et ce Brownie ne peut alors qu'inspirer de la pitié. On lui pardonnerait presque ses agissements.

Autour de lui gravite des personnages assez stéréotypés, comme dans un mauvais film : des femmes, le chef de la police, ses collègues, son supérieur hiérarchique ainsi que le grand patron du journal dans lequel il travaille. 

Il y a également, au fil des pages, une sorte de dialogue intérieur entre Brownie et lui-même, ou plutôt entre l'image qu'il renvoie et son for intérieur, comme s'il y avait un dédoublement de personnalité en lui. 

A la toute fin, quasiment à la dernière page, on découvre pourquoi cet homme est doublement un nothing man...

Je ne connaissais pas cet auteur et il me faudrait d'autres lectures pour me faire une idée de son style. Mais en ce qui concerne ce roman, j'ai trouvé que la narration était quelque peu décousue. La faute au renvoi permanent entre les faits tels qu'ils se déroulent réellement et la manière dont notre cher Brownie les appréhende. Une fois qu'on a compris ça, il n'y a plus qu'à se laisser porter jusqu'au dénouement!

Bonne lecture.