jeudi 27 octobre 2016

"Mille femmes blanches, suivi de " La vengeance des mères", de Jim Fergus




Je reviens tout juste d’un voyage à travers le temps. J’étais dans les grandes plaines nord-américaines, chez les Cheyennes…

A vrai dire, j’avais déjà lu «  Mille femmes blanches » il y a quelques années, mais comme la suite a été publiée, je me suis dit que ce serait bien de me rafraîchir la mémoire, et j’ai bien fait ! « La vengeance des mères » est en effet sa suite immédiate, sans délai chronologique.

Pour les impatients, il est toutefois possible de se plonger dans le deuxième tome sans relire le premier, car l’auteur a judicieusement rappelé les faits importants tout au long de son récit.

Les deux romans sont présentés sous forme de carnets de voyage, tenus par des femmes blanches.

Dans «  Mille femmes blanches » l’unique auteure des carnets est une certaine May Dodd, partie rejoindre une tribu Cheyenne avec d’autres femmes, suite à un appel lancé par le gouvernement américain, dans le but d’une intégration progressive des «  sauvages » dans le monde des blancs et d’apaiser les tensions entre les deux camps.

Dans «  La vengeance des mères », les carnets sont tenus par d’autres femmes, et nous y retrouvons certains personnages de la première partie de l’aventure, mais aussi de nouveaux, tout aussi attachants.

L’ensemble du récit se déroule en 1875 et 1876, juste avant le déclin définitif du peuple amérindien. 

A travers le regard de ces femmes blanches parties se marier avec des «  sauvages », nous entrons dans un monde inconnu, effrayant et déstabilisant au début, dans lequel il leur a fallu tout apprendre et s’adapter à un nouveau mode de vie. Toutes ces femmes vont finir par s’attacher à leur peuple d’adoption, une tribu cheyenne guidée par le grand chef Little Wolf. Elles deviendront des cheyennes presque comme les autres, et auront le même destin.

J’ai vraiment aimé cette lecture, j’ai aimé me plonger dans cette tribu et découvrir une petite partie de leurs us et coutumes, leur vision de la vie, leur adaptation parfaite à l’environnement, leur respect de la nature…
Seulement voilà, ce fut une période de grands troubles, une période de lutte contre l’envahisseur blanc, ce fléau de l’humanité ! Les caucasiens auraient certainement beaucoup appris au contact des amérindiens, mais ils ont préféré, comme à chaque fois, les éradiquer et convertir le peu qu’il reste en bons petits «  blancs ».

Bien sûr que les coutumes des différentes tribus n’étaient pas parfaites, bien sûr qu’il y avait certains actes barbares, mais n’est-ce pas le cas dans toutes les sociétés humaines ? C’était leur vie et eux au moins avaient l’intelligence de vivre en bonne harmonie avec la nature, contrairement au très civilisé homme blanc.

Ce que les caucasiens ont fait aux amérindiens est une honte, un crime contre l’humanité. Ils se sont toujours comportés comme une tâche d’huile qui s’étend et engloutit tout sur son passage. Dès qu’ils ont foulé le sol de ces terres sauvages, ils ont apporté avec eux la mort et la désolation, en commençant par les maladies qui ont décimé un grand nombre de natifs, puis l’alcool qui a fait des ravages, l’abattage de bisons et d’une grande partie de la faune sauvage.
Plus de gibier, plus de terres, plus de liberté... et pour finir ils ont été parqués comme des animaux dans des réserves, obligés de renier leur culture et leur histoire, condamnés à l’oisiveté et à la pauvreté.

Le même schéma s’est produit dans d’autres parties du globe, comme en Australie avec les aborigènes ou en Nouvelle-Calédonie.

Ce récit en deux tomes est magnifique, bouleversant, passionnant et j’aurais bien aimé qu’il y ait un troisième tome, j’aurais aimé rester avec les Cheyennes quelques jours de plus.
Le récit et le prologue se terminent d’une façon étrange, mais je trouve que ça colle parfaitement à l’esprit des amérindiens de l’époque, et c’est très bien comme ça.

Bonne lecture.