mercredi 30 janvier 2019
mardi 29 janvier 2019
Défi d'écriture du mois de décembre 2018 sur Babélio
Thème: Chauds les marrons
Recroquevillée sur moi-même, le dos contre la paroi de notre
grotte, j’attends.
Mon ventre vide ne me laisse aucun répit, se rappelle sans
cesse à mon esprit, s’impose dans mes pensées.
Je resserre la fourrure de bête autour de moi, attentive aux
bruits qui m’entourent.
Ma mère reviendra-t-elle les bras chargés de baies ? De
racines ?
Mon père arrivera-t-il à capturer du gibier ?
C’est peu probable. Depuis quelques jours, le froid s’installe
et l’hiver sera bientôt là. Les esprits de la forêt semblent nous avoir
abandonnés.
Mon regard se pose sur le tas de marrons devant l’entrée de
la grotte. J’en ai ramassé une pleine brassée ce matin. Ces petits cailloux
marron enveloppés de piquants sont amusants. Certains sont nus, lisses et
parfaitement inutiles, comme les glands.
Je pensais m’en servir comme projectiles pour éloigner les
animaux, mais après tout quel intérêt, puisque nous allons mourir de faim…
Je me lève pour voir si mes parents reviennent. Il commence
à faire nuit, et le silence me fait peur.
Je rajoute quelques brindilles dans le feu qui brûle près de
l’entrée et m’assieds à côté.
Je saisis distraitement un caillou marron et le jette dans
les flammes, puis un autre et encore un autre.
Au bout de quelques minutes, des claquements secs se font
entendre au cœur du brasier, me faisant sursauter ! Un de ces cailloux
roule vers moi, tout fumant.
Le feu l’a ouvert, révélant sa chair granuleuse, odorante,
appétissante.
Se pourrait-il qu’il se laisse manger à présent ? Il
faut que je goûte, mon ventre me le commande.
Prudemment, j’extrais ce qu’il y a à l’intérieur, juste une
petite pincée.
Le goût est curieux, nouveau, bon.
Je reproduis la même expérience avec les autres cailloux, et
bientôt je me sens mieux.
Ravie de ma découverte, je décide de préparer un petit
monticule de marrons chauds.
Si mes parents reviennent bredouilles, ils seront heureux de
se rassasier avec mes cailloux.
Peut-être ne mourrons-nous pas de faim, finalement.
PS : Ce soir, mon père est revenu avec un gros oiseau,
que nous avons décidé d’appeler dinde. Nous l’avons dégustée avec mes marrons
chauds.
lundi 28 janvier 2019
Pourquoi j'ai mangé mon père, de Roy Lewis
En lisant le titre et en voyant la tête de l’homme
préhistorique de la couverture, pas de mystère, on sait comment l’histoire va
se terminer.
Ok, mais pourquoi en arriver là ?
Tout le récit est centré sur la vie d’une famille de mi-singes,
ou mi-hommes. Il y a les parents, les enfants, les tantes, les oncles, puis
plus tard les belles-filles. Tout ce beau monde est en pleine évolution.
Le père, Édouard, est un précurseur de son espèce, un inventeur
de génie qui n’a qu’une idée en tête : évoluer. Il veut améliorer leurs
conditions de vie et ne cesse de réfléchir à toutes sortes de techniques pour y
arriver.
Au fil du récit, on découvre les différents personnages,
chacun son caractère, sa vision de la vie, ses aspirations, et on se rend vite
compte qu’ils représentent un panel de la société humaine, quelle que soit l’époque.
Mon personnage préféré est l’oncle Vania, un des frères d’Édouard.
C’est une brute plus mi-singe que mi-homme et qui n’a qu’une devise «
Back to the trees ». Totalement opposé à toute forme de progrès et prônant
les bienfaits d’une vie dans les arbres et un régime végétarien, il n’hésite
cependant pas à s’inviter régulièrement dans la caverne de son frère et à se
remplir la panse de viande tout en se réchauffant auprès d’un bon feu.
Roy Lewis nous offre ici un récit plein d’humour, et joue à
fond la carte de l’anachronisme.
Imaginez une horde d’hommes en devenir, à l’aspect
de singe et au langage moderne, pour ne pas dire soutenu, ayant des
conversations d’intellectuels. Leurs comportements dans certains domaines, et leur gestuelle restent cependant très archaïques,
en accord avec leur aspect physique.
On bascule donc sans cesse de l’homme à l’animal
et vice versa. On passe de conversations où se mêlent les réflexions les plus
fines sur l’évolution des espèces, la nécessité du progrès, de la domination
sur le monde, les conflits… etc. à l’acte final de meurtre et de cannibalisme.
Un roman court, de moins de 200 pages, mais qui représente
une belle étude sociétale pleine d’humour et une bonne documentation sur les
origines de l’évolution humaine.
mardi 1 janvier 2019
Toyotomi Hideyoshi, Le rêve du Singe, de Charles-Pierre Serain
Après « Oda Nobunaga », du même auteur et chez le
même éditeur (ma chronique ici), nous voici avec le tome 2 d’une trilogie
historique qui se déroule dans le Japon du 16ième siècle.
Dans cette fresque, nous faisons connaissance avec les trois
grands unificateurs de l’empire nippon. Trois grands personnages hors du commun
dont l’ambition était de mettre fin aux guerres de clans, d’assurer paix et
prospérité à l’ensemble de la population et de prendre possession du
commandement ultime.
Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et… le troisième tome est
en cours d’écriture !
Toyotomi Hideyoshi était une personnalité vraiment
singulière, un homme qui contrastait avec son entourage à tous points de vue.
Contrairement aux grands Seigneurs de son temps, lui était
au commencement un simple paysan, miséreux, maltraité et ayant un physique
ingrat qui accentuait son insignifiance. Les autres guerriers étaient tous
descendants d’une lignée de guerriers, suivant un héritage immuable, élevés dans
le respect strict des codes de leur classe.
Lui n’était rien mais il possédait une
telle volonté qu’il bouscula un destin tout tracé, et se mit en travers du
chemin du Seigneur Oda Nobunaga.
De simple porte-sandales, il gravit patiemment, avec
intelligence et ruse, tous les échelons d’une ascension fulgurante, jusqu’au
sommet du commandement.
Une partie du roman retrace la vie de notre héros, aux côtés
de son Seigneur Oda. On y retrouve donc plusieurs références aux évènements
vécus dans le premier tome, mais cette fois du point de vue de Hideyoshi, ce
qui apporte une autre perspective au récit.
Ayant lu le premier tome il y a 5 ans de cela, je n’avais
plus que de très vagues souvenirs. Je conseille donc aux nouveaux lecteurs de
lire ou relire le premier volet, afin d’être dans la cohérence du récit, même
si ce roman peut très bien être lu indépendamment.
Je dois dire que j’ai ressenti beaucoup de sympathie pour ce
petit homme si plein d’audace, de gaieté et d’humanité. Ce fin stratège n’a pas
hésité à révolutionner les techniques de guerre, en privilégiant la diplomatie
à la force destructrice, et à employer les ninjas, ces mercenaires à la
mauvaise réputation, afin d’en faire sa police secrète.
Ce qui m’a fait sourire, c’est qu’il contrastait même dans
le domaine de la décoration d’intérieur ! Lui employait des boiseries et
tatamis clairs au lieu du sombre habituel, donnant plus de luminosité et d’ouverture
à ses châteaux.
Charles-Pierre Serain a donné vie à celui que l’on nommait
Le Singe, à cause de son sourire simiesque. Il nous a entrainés dans le sillage
de ses combats, ses négociations, ses victoires ou ses défaites, parfois. J’ai
aimé les moments d’intimité avec ses proches, ses moments de doute, les années
qui passent, les épreuves de la vie…
En bref, c’est un roman historique fort intéressant, avec un
personnage central attachant. Un récit riche et mouvementé qui m’a appris
quantité de choses sur ce bout du monde à l’époque féodale.
Bonne lecture !
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