L’Amérique va mal.
Une grande partie du territoire s’enlise dans une crise
économique épouvantable. Plus de travail, plus de logement. Dans les rues c’est la misère, la violence,
le danger.
Au milieu de tout cela, il y a un jeune couple : Stan,
sans emploi, et Charmaine, sa femme, serveuse dans un bar miteux.
Le couple survit tant bien que mal avec le maigre salaire de
Charmaine, contraint de vivre dans leur voiture.
Et puis un jour, Charmaine, l’optimiste et douce blonde aux
yeux bleus, repère une drôle d’annonce. Une porte de sortie à ce présent sans
issue.
Elle ne sait pas trop de quoi il s’agit, sinon que la
proposition de cette annonce signerait la fin de leurs tourments. Ni une ni deux,
elle arrive à convaincre son mari de se présenter aux tests de sélection afin
de peut-être intégrer une nouvelle vie.
Cette nouvelle vie, c’est une ville. Ou, plus exactement une
ville, « Consilience », construite autour d’une prison, «
Positron ». Le principe est qu’une
fois admis à l’intérieur il n’est plus possible d’en sortir, à vie !
En contrepartie, chaque citoyen de Consilience/Positron a un
travail, un logement et un scooter à sa disposition.
Un mois sur deux, une partie des citoyens sont des civiles,
logent dans des maisons et ont un travail. Le mois d’après, ces mêmes citoyens
doivent intégrer la prison Positron pendant la durée d’un mois complet. Tenue
orange réglementaire, cellule et travail au sein de la prison.
Chaque mois il y a donc une permutation entre les alternants
qui partagent le même logement un mois sur deux. Le tout de manière totalement
anonyme.
Un jour, pourtant, Stan découvre un petit bout de papier
avec un message enflammé d’une certaine Jasmine. Cette Jasmine est forcément la
femme du couple d’alternants qui occupe leur logement lorsque lui et Charmaine
sont en prison !
Stan devient dès lors complètement obsédé par cette femme qu’il
cherche par tous les moyens à apercevoir les jours de permutation…
Cette histoire, qui semble se dérouler dans la normalité (si
l’on accepte le principe restrictif de cette drôle de vie entre les murs de
Consilience/Positron), se déchaine bientôt dans le désordre le plus total, tout
en conservant les aspects de la normalité.
L’auteure nous livre ici une étude des comportements humains
des plus savoureux. Entre besoin et recherche de la stabilité, du confort, de
la sécurité, et la nécessité plus ou moins marquée de contrôler les sociétés
humaines, il peut y avoir plusieurs degrés.
Dans cette ville ces principes sont portés à un très haut
niveau, et pourtant tout le monde semble y être heureux. Chacun semble accepter comme une nécessité
équitable de partager son temps entre liberté civile et emprisonnement. Comme si
les règles de la surveillance et de la contrainte étaient garantes d’une vie
sans soucis, d’un chemin tracé sans prises de décisions.
Mais, car il y a un mais, l’Homme étant ce qu’il est, il y a
toujours des éléments discordants, et là, tout peut partir en éclats.
Dans ce récit, des choses graves sont abordées. Des
problèmes éthiques qui ne donnent pas forcément envie de sourire, mais la plume
de l’auteure est légère et pleine d’humour, ce qui n’en fait pas du tout une
lecture pesante, bien au contraire.
J’ai trouvé cette plongée dans les abimes de la conscience
succulente. Ces petits arrangements que nous sommes capables de faire avec
nous-mêmes pourvu que l’on soit acceptés par un groupe, ou la société. Ne pas
faire de vague, ne pas décevoir, faire son devoir.
Et le plus fort dans tout cela est sans doute la suggestion
mentale. Elle a un pouvoir quasi miraculeux !
Au final, qu’en pensez-vous ? L’Homme est-il fait pour
être dirigé, contrôlé, sécurisé ? Ou bien doit-il se comporter comme un
adulte, prendre ses responsabilités, aller de l’avant, affronter l’incertitude,
prendre des décisions, assumer ses choix ?
Voici l’avant dernière phrase de ce roman :
« Le monde s’offre à vous, riche de possibilités »
Alors, à prendre ou à laisser ?
Bonne lecture.