mercredi 27 novembre 2019

Un(e)secte, de Maxime Chattam





Un(e)secte est un thriller Chattam pur jus. Je l’attendais avidement et ne fus pas déçue, comme d’habitude.

Le titre et la couverture sont assez explicites pour deviner qu’il est question d’insectes et d’une secte dans ce récit. C’est le cas et je n’en dirai pas plus, il faut le lire.

Le roman est un page-turner efficace, addictif. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde en sa compagnie. 

Comme à son habitude, l’auteur va extirper la noirceur et le Mal qui ronge notre humanité, et met tout cela en scène en exploitant un scénario que j’ai trouvé un peu loufoque, je l’avoue. 

Un(e)secte serait-il un thriller qui flirte avec la science-fiction, voire avec le fantastique? Et bien je l’ai cru tout au long de ma lecture, jusqu’à terminer le roman et lire les quelques lignes qui figurent dans les remerciements de Maxime Chattam, en fin d’ouvrage…. Quelle claque ! 

L’auteur s’est bel et bien appuyé sur des recherches et révélations véridiques!!

La dangerosité de l’Homme n’a-t-elle pas de limite ? 

Bonne lecture.




dimanche 17 novembre 2019

Batouala, de René Maran





Il s’agit ici d’un recueil de deux nouvelles : la plus longue porte le titre de « Batouala », et la seconde, nettement plus courte, s’intitule «  Youmba la mangouste ».

Batouala a remporté le prix Goncourt en 1921, mais en le lisant je ne lui ai rien trouvé de spécial. La faute au temps qui passe et à l’évolution des mentalités (heureusement). 

En replaçant ce récit dans le contexte de l’époque, cela prend une toute autre dimension. On se rend alors compte de l’audace de René Maran et du tollé que ce court roman a dû engendrer à sa publication !  Un récit sur les « nègres », écrit par un «  nègre » (en reprenant le terme de l’époque). Il fallait le faire, à une époque où les noirs étaient considérés comme des moins que rien, des êtres sans intelligence ni conscience, moins que des animaux.

L’auteur nous transporte en Afrique équatoriale, aux côtés de Batouala, grand chef respecté de la brousse. Il nous conte son quotidien, sa vie de "mâle dominant" entouré de ses nombreuses épouses, de son petit chien roux aux oreilles pointues, de ses traditions, de la succession des saisons, de la chasse et des rivalités et jalousies entre guerriers. La plume de René Maran a quelque chose de poétique. Il nous apporte quantité de descriptions et nous transmet quelques légendes du peuple de la brousse. Des histoires qui se transmettent de génération en génération, depuis la nuit des temps. 

L’homme blanc est évidemment présent dans ce récit, puisque la France a colonisé cette partie de l’Afrique. Il n’est pas le centre de cette histoire et n’est pas abordé de front, mais je dirais plutôt qu’il est évoqué, comme une présence dérangeante et malfaisante, en périphérie de la vie des habitants originels de la brousse. 

Le «  Commandant » est souvent cité. Il est craint et haïs, et on comprend bien tous les bouleversements qu’il apporte, aussi bien sur place en modifiant le style de vie des noirs, mais aussi en charriant avec lui cette menace d’un ailleurs qu’ils ne connaissent pas, cette France lointaine mangeuse de tirailleurs africains, pour une guerre qui ne les concerne pas.

Avant de se plonger dans le récit proprement dit, il est très important de ne pas négliger la lecture de la préface. L’auteur y apporte un éclairage particulier sur la construction de son roman, et on comprend mieux tout le poids de cet écrit. Moi qui m’attendais à quelque chose de beaucoup plus dur, d’une sorte de dénonciation brutale des conditions de vie des noirs, j’ai trouvé au final ce récit très «  soft ». Alors lorsqu'on sait la tempête qu’il a soulevée dans les années 20, on prend la mesure du climat de la planète à cette époque ! 

Je vais écrire quelques lignes à présent sur la deuxième nouvelle.

Au départ, je ne voyais pas bien l’intérêt d’écrire une histoire sur la vie d’une mangouste. Si ce n’est l’occasion de décrire la brousse et ses habitants, la saison des pluies, la saison sèche et les conflits humains qui obligent toute cette faune à rester sur ses gardes. 

Et puis en prenant du recul, j’ai compris. René Maran, à l’image de La Fontaine, nous a présenté un genre de fable, en prenant une mangouste pour emblème (pourquoi pas après tout ?), afin de dénoncer les relations entre blancs et noirs. La mangouste représente le noir, et l’humain qu’elle côtoie (un noir qui lui a permis de vivre dans sa case en échange de ses services de chasseuse de nuisibles), représente le blanc. 

Je n’en dirai pas plus sur cette interprétation, car je pense qu’il appartient à chacun de comprendre à sa manière. 

J’ai lu ce recueil de nouvelles en format numérique. Le tout fait 154 pages et je pense qu’il est intéressant de le lire, ne serait-ce que pour sa valeur historique et la richesse de ses descriptions.

Bonne lecture.