Lorsque j’ai lu le titre de ce roman, accompagné de sa
charmante couverture, j’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait d’un récit
autour de la noblesse thaïlandaise.
En vérité, le sens de ce mot est beaucoup plus profond, il s’agit
de la noblesse de cœur, celle qui régit notre vie, la justesse de nos principes
moraux et de nos actions envers autrui.
L’histoire se passe au pays de Siam, dans les années trente.
Wimon, l’héroïne, fait effectivement partie de la noblesse thaï. Elle appartient
à une famille très riche, dont le père est un haut fonctionnaire estimé et
titré par le Roi.
D’une grande beauté, parfaitement éduquée selon les principes
des Phou Di (que l’on peut traduire
par des personnes comme il faut, sachant se comporter convenablement en toutes
circonstances), elle vit avec sa famille élargie au sein d’une immense demeure,
à Bangkok. Père, épouses, concubines, enfants de divers lits et serviteurs,
cohabitent dans cette bonne société, sans soucis du lendemain.
Mais à 21 ans, l’âge du passage à la vie adulte, Wimon voit
tout son univers basculer à la suite d’un drame familial. Et la voilà précipitée
dans un abîme de difficultés, la faisant choir de sa condition sociale. Le reste
du récit lui donnera l’occasion de mettre en application cette fameuse noblesse
de cœur.
En début d’ouvrage, il y a deux listes : l’une avec le
nom des principaux personnages que l’on va rencontrer tout au long de la
lecture, et l’autre comportant les titres utilisés soit par politesse soit qu’ils
correspondent à une certaine hiérarchie. Nous sommes bien loin des simples «
Madame, Monsieur, Mademoiselle » de l’occident !
J’ai dû me référer très souvent à ces listes au début de ma
lecture, disons jusqu’aux cent premières pages. Les noms thaïs et tous ces
titres m’ont embrouillé l’esprit et ont fait que j’ai peu accroché au récit
pendant les quelques premiers chapitres.
Une fois accoutumée à ce nouvel univers, j’ai pris
conscience de la richesse et de la profondeur de cette œuvre de Dokmaï Sot. Sa plume
est particulière, elle s’attache à décrire les sentiments, les postures et
jusqu’aux moindres frémissements des différents protagonistes. Ce récit est un
témoignage des mœurs et coutumes de la société thaïlandaise de cette époque.
Très axée sur les valeurs bouddhistes et celles du Phou Di,
l’autrice a fait précéder chaque chapitre par une sentence de Bouddha. Le récit
semble être au service de tous ces principes moraux, ce qui lui donne une
tournure que je qualifierais de « didactique ».
Cet aspect-là m’a
dérangée, j’aurais préféré que tous ces enseignements soient dilués, discrets,
distillés au fil du récit pour être au service de celui-ci, et non l’inverse. Mais
peut-être cette manière d’écrire est-elle simplement due au style de l’autrice,
sa culture ou son époque.
Publié en 1937, ce roman est semble-t-il considéré comme un
classique de la littérature thaïlandaise moderne. Je suis donc contente de l’ajouter
à mon panel de littérature asiatique, jusqu’ici exclusivement chinoise et
japonaise.
Bonne lecture.