samedi 29 février 2020

Chroniques martiennes, de Ray Bradbury





Après Fahrenheit 451, voici ma deuxième rencontre avec Ray Bradbury

Chroniques martiennes est un recueil de 28 nouvelles, s’égrenant chronologiquement de janvier 2030 à octobre 2057. Il s’agit d’un fix-up, c’est-à-dire que ces nouvelles ont un thème commun, des évènements qui se suivent, se complètent et des personnages que l’on peut parfois retrouver successivement tout au long du recueil. 

Les histoires, plus ou moins courtes (ou longues) se passent soit sur Terre, soit sur Mars. On y découvre le récit de la conquête de Mars par des terriens devenus trop à l’étroit sur leur terre natale. 

La Terre, cette planète trop longtemps livrée au bon vouloir de l’Homme, est au bord de l’asphyxie, ravagée par les guerres et menacée d’extinction par l’arme nucléaire.

Bien entendu, l’Homme, au lieu de conserver et préserver ce qu’il a, préfère aller voir ailleurs. Chacun ses raisons, ses déceptions, ses espoirs, ses peurs. 

Mais la vie sur Mars est-elle possible ? Qu’en est-il de la cohabitation avec les indigènes ? 

Chroniques martiennes sont des nouvelles exotiques et futuristes, mais un voyage dans le passé aurait tout aussi bien pu convenir pour illustrer le comportement humain, ses schémas de vie, son besoin de conquête, de puissance, de domination, d’éradication, de mépris.

Chroniques martiennes auraient pu s’intituler Chroniques terriennes ou La Conquête des Amériques par les européens.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, et j'aurais bien aimé passer plus de temps en compagnie de ces martiens à la Bradbury, et un peu moins avec les terriens. J'aurais aimé retarder les missions d'exploration et garder jalousement cette planète rouge aux seules mains de ces fabuleuses créatures aux allures d'insectes gracieux aux yeux d'or, leurs belles étoffes de soie aux couleurs chatoyantes ondoyant dans le vent brulant de Mars.

A noter que la couverture du recueil que je possède est l’illustration de la toute dernière scène de la dernière nouvelle, dont voici un extrait :

«  J’ai toujours voulu voir un Martien, dit Michael. Où ils sont, p’pa ? Tu avais promis. 
 Les voilà, dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas.
Les Martiens étaient là. Timothy se mit à frissonner. 
Les Martiens étaient là – dans le canal- réfléchis dans l’eau. Timothy, Michael, Robert, papa et maman. 
Les Martiens leur retournèrent leurs regards durant un long, long moment de silence dans les rides de l’eau… »

Bonne lecture ;-)


vendredi 21 février 2020

Sac d'os, de Stephen King





Voilà un titre qui trônait sur une de mes étagères depuis des années. Il était mis en avant pourtant, mais son épaisseur a, jusqu’ici, toujours eu tendance à refroidir mes ardeurs livresques. Je me disais «  une prochaine fois » et je choisissais un autre roman, moins impressionnant.

Voilà, c’est fait, je l’ai lu ! Un pavé de 600 pages englouti avec enthousiasme, que je recommande vivement à tous ceux qui ne l’ont pas lu.

Mon intérêt a grandi au fur et à mesure de la lecture, à l’image de l’histoire tissée par Stephen King

Une histoire qui commence de manière tout à fait banale, et pour tout dire «  normale ». 

Cette normalité s’étire sur presque un tiers du roman, ou du moins c’est ce que l’on pense. Et puis, par petites touches, avec souplesse, sans trop s’en rendre franchement compte, le récit bascule dans l’étrange et l’horreur d’une folie brumeuse. 

Mike Noonan, écrivain célèbre, mène une vie tranquille et bien réglée aux côtés de son épouse, Johanna. Mais Jo meurt soudainement d’une rupture d’anévrisme par une chaude journée d’un été caniculaire.

Le récit débute avec cette mort. 

Une mort qui va complètement bouleverser le destin et la vie de Mike et va le pousser à aller s’installer dans leur chalet au bord d’un lac du Maine. Et puis…

Et puis quoi ? Et puis rien ! Pour le savoir, il faut le lire, mes chers amis ! 

Bonne lecture ;-)





samedi 8 février 2020

InKARMAtions, de Pierre Bordage





Dans le titre, on distingue le mot karma et aussi la notion d’incarnation.

Pierre Bordage nous propose ici un récit palpitant, prenant et passionnant que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher afin de vaquer à mes diverses occupations…Un récit estampillé fantasy aux éditions LEHA, mais que je considère comme beaucoup plus que cela. 

La trame de l’histoire est forcément de l’ordre du fantastique, puisqu’elle sort tout droit de l’imagination de l’auteur et qu’il faut bien construire un univers, un environnement pour véhiculer ce que Bordage veut exprimer. 

Posons donc le décor : 

Il y a le « Bien », présent dans le Vimana, l’univers où existe les Seigneurs du karma, ceux qui captent les vibrations de la trame karmique et veillent à l’équilibre de ce « Grand Tout ». Ces Seigneurs transmettent leurs instructions aux grands Sages du Conseil, qui sont chargés d’interpréter les paroles de ces derniers et décident des actions à mener afin de maintenir l’équilibre entre le bien et le mal. 

En bout de chaîne, les Karmacharis sont ceux qui vont être envoyés sur Terre, ou ailleurs dans l’Univers, afin de mener des missions conformément aux ordres des Sages.

Le «  Mal », est représenté par le Seigneur des abîmes, présent dans un monde souterrain, et qui n’a qu’un seul but, celui de détruire l’humanité, de la précipiter dans le néant, entrainant avec elle tout ce qui existe, pour un retour au vide originel. Ses créatures de main sont des Rakchas. Des monstres à l’aspect épouvantable qui sont également envoyés sur Terre ou ailleurs où les humains ont établi des colonies sur d’autres planètes. 

Karmacharis et Rakchas sont envoyés dans différents lieux, à différentes époques, dans un espace-temps non linéaire. Les uns s’acharnent à vouloir contrarier le destin des hommes afin de modifier le futur de l’humanité et les autres à les empêcher d’agir, afin de préserver l’équilibre de la trame karmique.

Voilà pour les grandes lignes. 

Mais comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, les choses vont se compliquer. Le Mal va s’infiltrer dans le Vimana, et provoquer doute et suspicion. La trame karmique va vaciller, se troubler, et il faudra toute la volonté de quelques âmes exceptionnelles pour tenter de garder le cap et sauver l’humanité. 

C’est un récit riche qui peut s’interpréter à différents niveaux.

A travers cette notion de karma et d’incarnations, nous entrons dans une spiritualité que je dirais teintée de bouddhisme, puisque pas mal d’idées y sont, à mon sens.
Et puis il y a aussi une réflexion sur l’organisation des sociétés humaines, depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours et au-delà. Une réflexion sur la nature de l’Homme, ses aspirations, ses choix, son destin, son karma, son pouvoir…

Ce roman est d’abord distrayant, et ça c’est essentiel, mais il incite surtout à l’introspection. Il nous pousse à réfléchir sérieusement à notre nature profonde, au sens de la vie et ce que nous en faisons. 

Les quelques dernières lignes et la révélation finale m’ont submergée d’émotion. 

Un très beau roman.

Bonne lecture ;-)