vendredi 30 août 2019

Les jours de mon abandon, d'Elena Ferrante






C’est l’histoire d’une rupture.

Olga, 38 ans, mariée depuis 15 ans, deux enfants, se voit abandonnée par son mari, du jour au lendemain.
Cette rupture soudaine, sans signes avant-coureurs, provoquera son effondrement, une chute vertigineuse qui durera  quatre mois.

Installée dans son rôle de femme et mère au foyer, confortée par une routine qu’elle croyait immuable, elle se retrouve comme lâchée dans le vide, ne sachant plus qui elle est, où elle va et pourquoi. 

Ce glissement aux frontières de la folie l’entrainera à tout un tas d’interrogations et une déconstruction quasi-totale de son être, au point de ne plus reconnaitre son propre reflet dans le miroir, au point de penser à ses enfants en les nommant : le petit garçon, la petite fille.

L’anéantissement d’Olga m’a fait penser à quelqu’un qui serait accroché au bord d’une falaise, les jambes battant le vide, les mains et les avant-bras écorchés contre la roche et la tête qui essaie encore et toujours d’affleurer à la surface.

Et puis, un jour maudit, un évènement effroyable et irréversible, tel un électrochoc, va reconnecter sa mémoire et sa raison, la ramenant soudainement dans sa réalité, l’obligeant à parcourir le chemin inverse de sa reconstruction…

Olga, durant ces quinze années de mariage avec Mario, s’était perdue en chemin, elle s’était comme fondue dans l’autre, oubliant son individualité, ses propres aspirations.
Abandonnée, trompée, humiliée, elle s’est sentie comme n’ayant plus aucun but, plus aucune justification à l’existence puisque effacée dans le regard de l’autre.

Peut-être ne faut-il jamais perdre de vue que le temps qui passe change les personnes, le regard qu’ils portent les uns sur les autres, et même sur eux-mêmes. Que la vie à deux n’est pas forcément pour toujours, et qu’il est essentiel de se préserver, de ne pas se perdre…




dimanche 25 août 2019

La Curée, Emile Zola





D’après le dictionnaire Larousse, voici la définition de « la curée » :

Ensemble de certaines parties du cerf, du chevreuil ou du sanglier, et même du lièvre, qu'on donne aux chiens.
Dans la littérature : Ruée avide pour s'emparer des biens, des places, des honneurs laissés vacants.



Voilà une manière de résumer ce deuxième volet des Rougon-Macquart

L’histoire se passe quelques années après «  La fortune des Rougon », dans la deuxième moitié du 18ième siècle, sous le second Empire (Napoléon III).

Le personnage principal est ici Aristide Rougon, qui change de nom et se fait désormais appeler Saccard. Quelques autres personnages de sa famille sont également présents et contribuent à tisser une nouvelle toile, comme un instantané de vie parisienne, à une époque de grands chamboulements et d’opportunités folles.

Aristide va quitter son Plassans natal, avec sa femme sous le bras et presque pas un sou en poche. Ses dents longues d’ambitieux opportuniste vont faire de lui un spéculateur peu scrupuleux, un amasseur d’or sans limite. 

Emile Zola a choisi d’installer son récit dans les ruines de Paris, les nouveaux boulevards et les beaux quartiers qui voient le jour sous les brassées de pièces d’or des messieurs distingués et de leurs épouses frivoles. C’est un étalage de richesses, un flux de dépenses monumentales, un tourbillon de plaisirs étourdissants. 

Veuf de sa première femme, Angèle, Aristide va épouser Renée, riche jeune femme excentrique qui sera la vitrine de cette richesse outrancière. Belle, jeune et insatisfaite, elle va glisser dans la honte de l’inavouable…

L’auteur a exposé l’éclat de cette société bling-bling, tout en creusant ses fondations vaseuses et pourries. 

En considérant cette histoire, je trouve qu’il ne se passe pas grand-chose, au sens « action » du terme. C’est plutôt une étude sociétale, dans un lieu donné (Paris),  à une époque précise (la reconstruction de la ville avec de nouveaux quartiers), et la manne financière que cela a engendré, charriant une débauche de luxe. 

L’intérêt de cette lecture a été pour moi cette facette que je ne soupçonnais pas concernant la planification de Paris telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ce jeu des spéculations enrichissantes lorsqu’il s’agit d’anticiper la destruction puis la reconstruction urbaine. 

A présent «  Le Ventre de Paris » m’attend très prochainement ! 

Bonne lecture ;-)



jeudi 8 août 2019

Les derniers hommes, de Pierre Bordage






Faut-il sauver l’humanité ? Les hommes ont-ils leur place sur cette planète ? 

Épineuse question à laquelle les derniers hommes sont confrontés dans ce récit post-apocalyptique dessiné par Pierre Bordage

L’humanité est réduite à quelques tribus, nomades pour la plupart, et survit tant bien que mal sur une planète saccagée, polluée, dangereuse.
Une troisième guerre mondiale, ultime désastre nucléaire et biologique, a eu raison de toute forme de civilisation sur Terre. 

L’histoire se passe quelques cent ans après cette terrible guerre. Le passé semble effacé, les connaissances oubliées, les religions ignorées. 

Solman, le héros de ce roman, est un donneur (il a le don de clairvoyance)  du peuple aquariote, le peuple de l’eau.
L’eau, cette ressource vitale, est toujours présente, mais mortelle. Les aquariotes, grâce au don de leurs sourciers, sont capables de détecter les quelques réserves souterraines encore saines, et sont donc chargés de l’extraire et de la distribuer aux autres tribus.
Les aquariotes sont aussi les seuls à se déplacer à l’aide de camions de l’ancien temps, engins indispensables qui leur permettent de tracter les citernes du précieux liquide et de sillonner l’Europe d’est en ouest.

Voilà, le décor est posé, il ne reste plus qu’à suivre Solman, entouré de ses amis, de son peuple, des autres peuples, et l’apocalypse qui va s’abattre sur eux.

Dans ce futur imaginé par Pierre Bordage, toute l’organisation humaine est chamboulée, mais malgré cela, nous observons les mêmes comportements, les mêmes bassesses, les mêmes conflits, machinations et soif de pouvoir que de nos jours et de tout temps. L’homme est-il destiné à perpétuer des comportements identiques ? Sera-t-il capable de se regarder en face afin de changer son futur ? Une autre espèce, plus évoluée, plus respectueuse de la vie sur Terre, devrait-elle le remplacer ? 

Comme toujours avec cet auteur, j’ai été happée dès les premières pages et précipitée dans ce récit que je n’ai plus lâché, avide de connaitre le déroulement des péripéties de Solman, de connaitre le sort de ces derniers hommes…

Et vous, pensez-vous que la Terre se porterait mieux sans nous ? L’espèce humaine devrait-elle disparaitre définitivement ? Devrait-elle être remplacée par une espèce plus évoluée ? L’homme sera-t-il capable, une fois au pied du mur, de changer radicalement ses comportements, sa conscience, afin de sauver sa planète, de se sauver lui-même ? 




Quelques extraits:

* " Nous, les sourciers, nous avons reçu le pouvoir de trouver l'eau, de perpétuer la vie. Et nous sommes jaloux de ce pouvoir.

- C'était le grand principe des religions mortes, intervint Solman. Faire croire à leurs adeptes qu'ils appartenaient à une élite. " 



Que la race humaine s'éteigne, quelle importance?
Elle avait sauté sur toutes les occasions de faire de sa terre un enfer, au nom des dieux, au nom des croyances, au nom des principes, au nom des territoires, au nom de toutes les supériorités guerrières, intellectuelles, religieuses ou esthétiques qu'elle s'était arrogées comme des devoirs ou des droits.