mercredi 27 juin 2018

La nuit des temps, René Barjavel





Une expédition scientifique découvre par hasard un monde étrange au fin fond de l’antarctique. Un monde enfoui sous la glace et sous la roche. Un monde insoupçonné, un écho lointain de notre passé ignoré.

René Barjavel nous livre ici un scénario fabuleux et tragique sur ce qu’aurait pu être notre passé, bien avant ce que l’on pense être le début de l’humanité. Une théorie qui ébranle nos connaissances, nos acquis, nos certitudes. Et pourquoi pas, après tout ? Que savons-nous de l’histoire de la Terre ?  Rien, ou si peu…

Imbriqué dans cette grande histoire, passée et présente, sur notre évolution, l’auteur développe aussi une histoire d’amour absolu, rare et éternel.

La nuit des temps résume finalement la nature humaine dans toute sa splendeur et son horreur. 

L’amour, intemporel et inexplicable qui fleurit entre les individus, le besoin de paix, de douceur, d’équilibre d’un côté, et de l’autre il semble qu’il y ait toujours un basculement qui se répète à travers les âges, et précipite toutes les civilisations humaines vers la destruction et l’oubli.

Un homme aimant, protecteur, mais aussi un homme destructeur, conquérant, complètement fou qui nie la nature sacrée de la vie.

Sommes-nous amnésiques au point de ne rien apprendre de nos erreurs ? Ne rien corriger ?

Peut-être sommes-nous tout simplement stupides…

Ce roman m'a laissé une très bonne impression sitôt le livre refermé, mais quelques jours après, mon ressenti avait changé, devenant plus mitigé.

Je pense que " La nuit des temps" fait partie des romans qui laissent une impression en deux phases:

La première, immédiate, vient sous le coup de l'émotion. L'amour tragique laisse une forte empreinte qui bouleverse !

La deuxième vient avec le recul, et l'analyse objective. A ce moment ressortent certains éléments du récit qui peuvent poser problème. La manière dont l'auteur a présenté son monde passé m'a dérangée sous certains aspects. Le considérait-il comme modèle de quasi-perfection? ( même s'il a lui aussi sombré), ou a-t-il construit ce schéma de société pour dénoncer ses travers? Difficile de savoir, mais je n'ai pas eu l'impression qu'il était contre, d'où mon avis mitigé...





10 commentaires:

  1. Nous ne sommes pas amnésiques, nous sommes mortels... Et notre conscience se modifie au fil de notre vieillissement. Lorsque nous sommes jeunes, nous avons du mal à apprendre de l'expérience de nos aînés, parce que notre niveau de conscience ne le permet pas. Et lorsque nous sommes vieux, nous avons du mal à transmettre notre expérience aux plus jeunes, parce que nous n'avons plus de souvenirs de notre niveau de conscience d'alors. Dans les civilisations anciennes, il y avait la tradition de la transmission orale pour pallier ces difficultés, elle a disparu.... Et il y avait le respect des anciens, il a disparu... Mais, même en ces temps anciens, l'homme n'apprenait cependant pas beaucoup de ses erreurs. Après moi, le déluge...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il va y en avoir, des déluges, tout au long de l'histoire alors! du moins tant que la Terre le supportera..
      Merci pour ta visite, Lutin ;-)

      Supprimer
    2. Eh oui. Et c'est le sujet central du propos de Barjavel: l'Histoire comme un éternel recommencement. Toujours, inéluctablement, presque comme une fatalité. De la naissance à l'oubli, tout autant pour les êtres qui naissent, vivent et meurent que pour les civilisations qui croissent, atteignent un apex et disparaissent.

      Au niveau humain, la jeunesse, du haut de son immortalité supposée, se jure de ne pas réitérer les erreurs des anciens et pourtant y succombe tôt ou tard; l'age adulte au pouvoir se sentant mortel est davantage dans le fatalisme, l'égoïsme et la transmission des savoirs. Il y a effectivement affrontement, peut-être naturel et stérile d'ailleurs, de deux niveaux de conscience. Peu d'hommes, jeunes ou vieux, échappent à ce qui semble ressembler à une loi naturelle. Vivre, croître et agir pour que tout enfin change d'un côté; admettre l'immuable et transmettre les meilleurs fruits de l'autre. Tout changer d'un côté, survivre de l'autre. Et ces opinions antagonistes apparaissent sur les mêmes lignes de vie, aux deux pôles de l'existence. C'est difficile à admettre cette attitude humaine, mais il y a, hélas, de çà. Rien ne se crée tout se transforme.

      Au niveau supérieur. Barjavel en comparant deux humanités identiques au même stade d'évolution (ou presque) à 900.000 ans de distance, fait un constat similaire. Il considère une civilisation comme un organisme vivant dans lequel chaque homme est une cellule de base. Il avance sur cette hypothèse, diagnostique et offre ses explications. Au titre de la Vie, chaque civilisation à l'égal de homme naît, croit au rythme de ses envies et de ses espoirs, régresse et meure sous le poids de sa dégénérescence et de ses erreurs non corrigées.

      Supprimer
    3. Il montre aussi, en faisant un parallèle entre les deux civilisations, comment l'homme a une tendance à se laisser aller à une sorte de passivité, il devient comme amorphe du moment qu'il a de quoi consommer et se divertir ( il y a la famille qui regarde à la TV l'aventure de cette découverte, chacun allant de son commentaire sans intérêt)

      Supprimer
    4. https://i.imgur.com/LyyOpeg.jpg

      Supprimer
    5. Dessins de Caza illustrant les deux tomes de "Le troupeau aveugle" de John Brunner (1972). Soit quelques années à peine après la parution de "La nuit des temps". Ils sont sensés illustrer la pollution plus que l'atome guerrier dévastateur, mais l'idée des lemmings télévisuels de Barjavel est là. La télé et son effet buvard deviendra un thème récurrent de la SF des 70's. En ce sens, Barjavel a aidé ceux qui viendront après lui, son roman ayant eu un succès immédiat. Bien que je pense qu'ils furent suffisamment indépendants pour y avoir pensé seuls.Comme des grands.

      Supprimer
    6. "C'est écrit" Cette petite phrase anodine comme le sont tant d'autres, résume à elle seule ce qu'il est bon de perce-voir dans certains romans de science-fiction, pas tous, je ne citerai personne... Barjavel est un visionnaire, il a cette intuition qu'il se doit d'écrire, de décrire au mieux. Prévenir, sensibiliser, ouvrir les yeux, car le roman de S.F est bien plus qu'un divertissement. L'auteur va se focaliser sur le monde actuel, son monde, son époque, et partir en arborescence dans le futur grâce à une étude poussée qui englobe la sociologie, l'épigénétique, la science etc, car il est question d'évolution, d'involution, de métamorphose, de révolte et de mutations, d'explosion sociale, de découvertes scientifiques, et surtout d'origine humaine. L'histoire que l'on pense savoir est-elle la véritable histoire de l'homme ? Etymologiquement "Apocalypse" signifie révéler, découvrir. De nombreux auteurs de science-fiction décrivent l'apocalypse... Il y a eu plus d'une apocalypse, hormis celle dévoilée dans les récits eschatologiques, comme si à l'intérieur du secret si bien gardé, se trouvait un autre secret. La science-fiction a du "nez", elle sent les choses qui arrivent, elle fait le lien avec celles qui les précèdent.

      Supprimer
    7. Je ne sais pas si Barjavel était un visionnaire, de lui je n'ai lu que ce roman, donc je ne peux pas donner d'avis là dessus encore ;-)
      Bien sûr que la SF a du nez, c'est là tout son intérêt! Elle ouvre le champ des possibles..
      à qui ai-je l'honneur au fait?

      Supprimer
    8. En ce qui concerne ce roman-ci de Barjavel, je le vois plutôt comme une histoire imaginée, une hypothèse comme une autre...un bon moment de lecture mais rien de spécialement visionnaire..
      La science nous aidera peut-être un jour à en savoir un peu plus sur l'histoire de l'humanité, ou pas!

      Supprimer
  2. C'est un roman qui explore pas mal de thèmes. Le spectre est large. Et Barjavel développe intelligemment ses idées. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé. Je le vois pas spécialement comme un visionnaire mais comme un lanceur d'alerte, un fin observateur.

    RépondreSupprimer