Ce n’est pas un roman, mais plutôt un écrit
autobiographique et une réflexion philosophique sur la condition de la femme en
général, et de la femme écrivain en particulier.
Elif Shafak, mon auteure turque préférée (je n’en connais
pas d’autres) y expose une période bien précise de sa vie, à savoir la
maternité.
De manière allégorique, elle exprime tous ses doutes, ses
craintes, ses questions sans réponses, son incapacité à trancher entre son
métier d’écrivain et le fait d’endosser le rôle de mère. Elle argumente sa réflexion en y incorporant un tas de
références à des femmes écrivains, connues ou moins connues, qui ont choisi
telle voie ou telle autre et la conséquence que cela a eu sur leur vie.
Choisir les livres et s’y consacrer corps et âme ? Ou
au contraire se ranger dans une vie plus conforme aux attentes de la société,
plus particulièrement une société patriarcale comme c’est le cas en Turquie ?
Ou
alors concilier les deux au risque de ne produire que médiocrité ?
Miss Ego Ambition, Miss Intelligence Pratique, Miss
Cynique Intello, Maman Gâteau, Dame Derviche et Miss Satin Volupté sont autant
de femmes miniatures faisant partie de son Chœur de voix intérieures. Tout au
long du récit, Elif dialogue avec les unes et les autres, sympathisant avec certaines,
en ignorant d’autres jusqu’à l’évènement fatidique de la grossesse.
Lait noir désigne l’autre face de la maternité, la face
refoulée, la face de la dépression post-natale.
C’est un livre qui me « parle » énormément…
Pourquoi certaines femmes sont-elles visitées par les « djinns
qui s’attachent à la nouvelle accouchée » ? Quel est le point de départ de cet état de
mal-être qui dure des semaines ou des mois ?
Pourquoi cette descente aux enfers ? Ce glissement
dans un tunnel sombre et qui semble sans fin ? Pourquoi ce détachement et
ce dégoût de la vie ?
Comment empêcher, combattre, vaincre ou peut-être s’abandonner
à ce bouleversement ?
Et pourquoi le lait noir se transforme-t-il en lait blanc
le moment venu ?
Un livre que j’ai trouvé intéressant et instructif, bien
écrit et parfois drôle. Il s’adresse aux
femmes évidemment, mais peut-être aussi aux hommes, s’ils s’intéressent aux
femmes :-D
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