Nadia Hashimi rejoint désormais le rang des écrivains
afghans de talent, aux côtés de Khaled Hosseini.
Je me revois la semaine dernière, dans ma médiathèque, avec
les deux romans de Nadia Hashimi, en train de dire « de sacrés pavés ! »
à l’attention de l’employée qui m’a répondu : « ah mais quand c’est
passionnant on ne voit pas les pages défiler ! ».
Hé bien oui, ce fut le cas pour La Perle et la Coquille. Je n’ai
pas senti le poids du pavé tellement sa lecture a été prenante.
Un magnifique roman de femme, pour les femmes. Les afghanes
et les autres. Toutes celles qui vivent dans une société patriarcale, où leur
existence est tolérée à condition qu’elles remplissent leur part de marché,
engendrer des fils…
Sans enfants, elles ne sont que fardeaux, des bouches de
plus à nourrir. Celles-là ont un avenir tout tracé, celui d’être des
domestiques. Quoique, même mariées et mères elles le sont, des domestiques,
pour leur époux, leur belle-mère, les autres épouses. Une vie de labeur entre
quatre murs, usées et maltraitées.
Lorsque des traditions sont aussi ancrées dans une société,
il est très difficile d’en sortir, surtout quand tout contribue à maintenir un
carcan en place. La faute aux hommes qui ont peur de se faire doubler, mais
aussi aux femmes qui perpétuent ce qu’elles ont vécu, comme si leur destin
était immuable.
Cette histoire relate tour à tour un morceau de vie de deux
femmes, l’une ayant vécu au début du 20ième siècle, et celui de son
arrière-arrière-petite- fille. En un siècle peu de choses ont changé dans le
quotidien de la majorité des afghanes. Toujours les mêmes obligations, la même
obéissance, la même soumission.
Le mérite de ce livre est aussi de m’avoir fait connaitre la
tradition du « bacha posh », qui consiste à déguiser de petites
filles en garçons, dans les familles qui ont eu le grand malheur de ne pas
avoir de fils, afin qu’elles puissent
accomplir certaines choses normalement interdites aux filles. Aider à
faire les courses, travailler, escorter leurs sœurs si elles doivent sortir de
la maison..
Etre bacha posh est une fenêtre de liberté pour ces
fillettes qui goûtent enfin au monde des garçons. Tour leur est alors possible :
courir dans la rue, jouer au ballon, aller à l’école et plus de corvées
domestiques.
Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, il faut un
jour redevenir fille, avec tout ce que cela implique. Il faut alors apprendre à
être femme et se préparer au mariage.
Certaines scènes dans ce roman sont très dures, cruelles,
poignantes, à l’image de ces vies malmenées. C’est un vibrant témoignage de
tous ces destins qui se répètent, mais c’est aussi un hommage à la force et au
courage des femmes qui osent relever la tête, celles qui veulent un avenir
meilleur pour leurs filles, celles qui bravent l’ordre établi pour gagner un
morceau de liberté.
Merci à Nadia Hashimi d’avoir été le porte-parole de ces
millions d’ombres bleues réduites au silence…
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