Comme chaque mois, Babélio organise un défi d'écriture. Pour ce mois de septembre, le défi est de réécrire un conte populaire à notre façon..
voici mon conte:
Il était une nuit, dans un royaume aux mœurs étranges, une
princesse à la peau très blanche et à la chevelure très noire.
Elle fut baptisée Blanche-Neige par son père, le Roi.
Dans ce pays, le critère de beauté était d’avoir un aspect fantomatique.
Perpétuellement enveloppées de brouillard, les terres voyaient rarement le
soleil, et les habitants avaient donc tout naturellement le teint blafard, un
corps frêle et une vue de myope.
Blanche-Neige n’échappa pas à la règle. A vingt ans, elle
était menue comme une enfant de 12 ans, et pour comble de malheur, elle ne
pouvait se nourrir que de pommes, contrairement aux autres habitants, qui eux
pouvaient en plus consommer des navets et des choux-fleurs.
A vingt ans donc, son père décida de la marier.
Il envoya des messagers aux quatre vents, histoire de
trouver un prétendant exotique qui soit digne de sa fille unique.
Au fil des mois qui suivirent, certains messagers revinrent,
porteurs de promesses de mariage.
D’autres ne revinrent jamais.
Après quelques semaines de tergiversations, les époux
royaux, avec l’accord de leur fille, arrêtèrent leur choix sur un colosse
blond, prince d’un royaume situé de l’autre côté de La Grande Bleue.
Les préparatifs du voyage prirent quelques mois
supplémentaires, et Blanche-Neige, impatiente, employa son temps à rêvasser de
cet ailleurs plein de promesses et d’aventures.
Enfin, le jour du départ arriva. La princesse embarqua, le
pied léger, suivie de tous ses gens, et la cale du bateau pleine de pommes.
Les premières semaines de ce voyage furent un ravissement,
même si la princesse n’était autorisée à sortir de sa cabine que la nuit
tombée, car il lui fallait absolument préserver son teint laiteux.
Cependant, comme toutes les bonnes choses ont une fin, cette
paisible traversée se mua une nuit de pleine lune en une terrible tempête.
Au petit matin, Blanche-Neige se réveilla plus morte que
vive, seule, presque nue, échouée sur une île déserte.
Remise de ses émotions, elle fut stupéfaite par la lumière
du jour, aveuglante, terrible, brûlante. Elle découvrir les couleurs, la
chaleur, une faune et une flore luxuriante. Bref, le jour et la nuit avec son
royaume de la brume.
Passé ce premier moment d’euphorie, elle avisa qu’il lui
fallait organiser sa survie, en attendant les secours.
Par chance, elle put ramasser quelques pommes, échouées
comme elle sur la plage. Elle les entreposa à l’abri et résolut de sillonner
son île, à la recherche de fruits de même nature.
Il n’y en avait point.
Elle économisa donc sa petite réserve de pommes, en espérant
quitter cette île maudite avant de mourir de faim.
Les jours passèrent et Blanche-Neige n’était plus tout à
fait blanche, toute occupée qu’elle était à chercher des pommes, même sauvages.
Son teint devint hâlé, et sa chevelure se para de mèches orangées, décolorées
par un soleil implacable.
Finalement, ne voulant pas rendre son dernier souffle si
jeune, elle décida qu’il était temps de diversifier son régime alimentaire.
Elle porta donc son choix sur les noix de coco, qui se trouvaient alors en
abondance sur la plage.
Après d’innombrables efforts, elle finit par en ouvrir une
et se gorgea goulument de son eau.
Il ne se passa rien. Blanche-Neige était toujours en vie. Etait-elle
réellement allergique à tout autre aliment que les pommes ? Lui avait-on
menti toutes ces années ?
Confiante, elle préleva un petit morceau blanchâtre de la
noix de coco, le porta à sa bouche et mastiqua en fermant les yeux, savourant
ce goût totalement nouveau, puis l’avala… et s’effondra.
Telle aurait pu être la triste fin de la jeune princesse,
mais le hasard voulu qu’une pirogue chargée de pygmées en voyage accoste sur
cette île.
Ces pygmées avaient l’habitude de venir sur ce bout de
terre, afin d’y récolter des noix de coco, car il n’y avait pas de cocotiers
dans leur royaume.
Ils se dispersèrent donc sur la plage et commencèrent le
ramassage des noix, lorsqu’un cri retentit.
Un des leurs avait en effet découvert Blanche-Neige, étendue
non loin.
Tous s’agglutinèrent autour d’elle et cherchèrent à savoir
pourquoi elle ne se réveillait pas, chacun y allant de sa théorie. Ils finirent
par se disputer puis par se battre.
Au cours de la bagarre, un des leurs, le plus lourd et qui se nommait Heimlich, perdit
l’équilibre et tomba sur la malheureuse princesse, manquant de lui broyer la
cage thoracique. Cela eu tout de même l’immense avantage d’exercer suffisamment
de pression pour expulser le bout de noix de coco qui était resté coincé dans
la gorge de la jeune fille.
Elle se réveilla donc à la vie, suffocante, cherchant l’air,
et découvrit en demi-cercle autour d’elle sept pygmées la regardant, subjugués
par sa beauté.
Après avoir pesé le pour et le contre, elle décida de les
suivre et vécut dans leur royaume, heureuse d’y découvrir de nouvelles variétés
de pommes, toutes plus juteuses les unes que les autres.
L’histoire raconte même qu’elle y épousa le prince…
J'adore le coup du pygmée Heimlich, haut comme trois pommes noires. Je comprendrais que Blanche-neige le croque.
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