samedi 8 février 2020

InKARMAtions, de Pierre Bordage





Dans le titre, on distingue le mot karma et aussi la notion d’incarnation.

Pierre Bordage nous propose ici un récit palpitant, prenant et passionnant que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher afin de vaquer à mes diverses occupations…Un récit estampillé fantasy aux éditions LEHA, mais que je considère comme beaucoup plus que cela. 

La trame de l’histoire est forcément de l’ordre du fantastique, puisqu’elle sort tout droit de l’imagination de l’auteur et qu’il faut bien construire un univers, un environnement pour véhiculer ce que Bordage veut exprimer. 

Posons donc le décor : 

Il y a le « Bien », présent dans le Vimana, l’univers où existe les Seigneurs du karma, ceux qui captent les vibrations de la trame karmique et veillent à l’équilibre de ce « Grand Tout ». Ces Seigneurs transmettent leurs instructions aux grands Sages du Conseil, qui sont chargés d’interpréter les paroles de ces derniers et décident des actions à mener afin de maintenir l’équilibre entre le bien et le mal. 

En bout de chaîne, les Karmacharis sont ceux qui vont être envoyés sur Terre, ou ailleurs dans l’Univers, afin de mener des missions conformément aux ordres des Sages.

Le «  Mal », est représenté par le Seigneur des abîmes, présent dans un monde souterrain, et qui n’a qu’un seul but, celui de détruire l’humanité, de la précipiter dans le néant, entrainant avec elle tout ce qui existe, pour un retour au vide originel. Ses créatures de main sont des Rakchas. Des monstres à l’aspect épouvantable qui sont également envoyés sur Terre ou ailleurs où les humains ont établi des colonies sur d’autres planètes. 

Karmacharis et Rakchas sont envoyés dans différents lieux, à différentes époques, dans un espace-temps non linéaire. Les uns s’acharnent à vouloir contrarier le destin des hommes afin de modifier le futur de l’humanité et les autres à les empêcher d’agir, afin de préserver l’équilibre de la trame karmique.

Voilà pour les grandes lignes. 

Mais comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, les choses vont se compliquer. Le Mal va s’infiltrer dans le Vimana, et provoquer doute et suspicion. La trame karmique va vaciller, se troubler, et il faudra toute la volonté de quelques âmes exceptionnelles pour tenter de garder le cap et sauver l’humanité. 

C’est un récit riche qui peut s’interpréter à différents niveaux.

A travers cette notion de karma et d’incarnations, nous entrons dans une spiritualité que je dirais teintée de bouddhisme, puisque pas mal d’idées y sont, à mon sens.
Et puis il y a aussi une réflexion sur l’organisation des sociétés humaines, depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours et au-delà. Une réflexion sur la nature de l’Homme, ses aspirations, ses choix, son destin, son karma, son pouvoir…

Ce roman est d’abord distrayant, et ça c’est essentiel, mais il incite surtout à l’introspection. Il nous pousse à réfléchir sérieusement à notre nature profonde, au sens de la vie et ce que nous en faisons. 

Les quelques dernières lignes et la révélation finale m’ont submergée d’émotion. 

Un très beau roman.

Bonne lecture ;-)



11 commentaires:

  1. De Bordage je ne connais que sa trilogie des "Guerriers du Silence" dont j'étais sorti enchanté. A te lire je retrouve ce qu'il m'a semblé être ses spécificités. A savoir:
    - Une qualité de conteur hors-normes qui a fait de ses "Guerriers" un page-turner s'étalant sur plus de 1500 pages (de quoi garder le plaisir longtemps au fil des pages tournées)
    - Un world-building d'importance et celui que tu décris semble être assez dense.
    - Un manichéisme constant entre bien et mal.
    - Une volonté d'introspection sur fil simili-bouddhique très prégnant.

    J'ai, depuis lecture des "Guerriers" mis soigneusement en PAL maints bouquins de Bordage, souvent des cycles tels Orcheron/Abzalon, Wang et autres "Ceux qui...", de "La fraternité du Panca" et autres "Griots célestes" sans les lire. Tu viens de me redonner envie de mettre Bordage en premières lignes de mes lectures à venir.

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    1. Et encore, je ne parle ici que des grandes lignes! je n'ai pas parlé des petites, qui concernent les différents personnages et tout ce qui les entoure ;-) il y aurait tellement de choses à dire!

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    2. @ Citation, Cheyenne: "il y aurait tellement de choses à dire!" >>>>> Si cela peut se faire sans trop spoiler, j'avoue être curieux de plus de précisions.

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    3. Justement, non, je ne peux rien dire de plus, ce serait gâcher le plaisir de la découverte.
      Et puis, si le peu que j'en ai dit attise ta curiosité, alors c'est parfait!
      Si un jour tu as l'occasion de le lire, fais-le! :-D

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  2. Y'a pas, mort de rire, faut que je gratte..!
    Subitement m'est venu la sensation purement intuitive d'un voisinage de fond (ou de forme) entre "Inkarmations" et "Régression" de Fabrice Papillon que tu as chroniqué il y a peu. Je ne m'appuie ici que sur mon instinct quand je ressens à te lire, dans un cas et dans l'autre, une certaine similitude.
    Basta, ces deux romans m'intriguent, me titillent. Ils me seront un jour ou l'autre sous les yeux.

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    1. Avin, je ne vois aucune similitude entre Régression et InKARMAtions, ni de fond, ni de forme..
      Mais tu as raison, faudra les lire tous les deux :-D

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    2. @Cheyenne, citation: "Mais tu as raison, faudra les lire tous les deux :-D "
      >>> MDR. :-)

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  3. Bizarrement, ce que tu en dis sur l'introspection ne m'attire pas trop mais c'est aussi car j'ai du Bordage dans la PAL, Wang et L'enjomineur. Donc, soucieux de garder une PAL diversifiée, je n'alourdirais pas celle-ci avec ce roman. Pour autant, je ne doute pas de nombreuses qualités de ce roman.

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