« Demain les chiens » est un mélange de science-fiction et de fantastique qui nous embarque dans une série de contes imaginés par Simak. Il y avait à l’origine huit contes, auxquels un neuvième est venu se rajouter, quelques années plus tard, sous forme d’un épilogue.
Neuf contes donc, qui se succèdent chronologiquement et que séparent le plus souvent des milliers d’années. Avant chaque conte, il y a un intermède où l’on assiste aux interrogations des chiens, leurs hypothèses et leurs doutes concernant le contenu et l’authenticité du conte qui va suivre.
Mais pourquoi des chiens ?
Et pourquoi pas après tout !
Simak a imaginé un monde futur où l’espèce humaine a totalement disparu, remplacée par une civilisation canine, ou plus précisément « La Fraternité des bêtes », ainsi que par des robots.
Au fil des contes, on comprend pourquoi et comment le monde des Hommes s’est peu à peu effiloché. Il s’agit là d’une étude sans fard des comportements humains, de leur tendance à la destruction, de leur incapacité à comprendre et à tirer des leçons de leurs erreurs.
Simak a écrit cette histoire dans un contexte de menace nucléaire, après deux guerres mondiales destructrices qui n’ont même pas pu freiner les penchants belliqueux des nations.
Dégoûté et certainement déçu, l’auteur a alors tricoté un monde meilleur, sans nous. Un monde où le respect de la vie est primordial, où le meurtre est banni et où chaque espèce a le droit d’évoluer comme elle le souhaite.
Dans quasiment tous les contes, l’on retrouve certains éléments, un fil conducteur qui donne une cohérence à cette évolution des espèces et des évènements.
Il y a tout d’abord les Webster. Le tout premier Webster apparait dans le premier conte. C’est un américain qui décide de quitter la ville, tout comme la majorité des terriens, et d’aller s’installer avec sa famille à la campagne.
La suite verra ses descendants, chacun apportant sa pierre à l’édifice et jouant un rôle plus ou moins important dans le déclin de son espèce.
Il y a aussi Jenkins, un robot serviteur qui a été construit par un des Webster du futur et qui restera fidèle durant des millénaires à cette famille et même au-delà, gardien dévoué qui entretiendra inlassablement la demeure Webster de la colline.
Et puis bien-sûr, il y a les chiens. Le tout premier, Nathanaël, a été manipulé chirurgicalement par un Webster, afin d’acquérir la parole et ainsi entamer son ascension évolutive. Petit à petit, les chiens construiront leur monde, aidés par les robots, indispensables pour remplacer les mains que les chiens n’ont pas. Un monde différent de celui des Hommes, forcément, puisque les chiens n’ont pas la même vision des choses, ne perçoivent pas leur environnement comme nous et ont une sensibilité différente. Les contes sont à cet égard fantastiques, oniriques.
La plume de Simak est douce, sans violence. On se laisse embarquer avec délice dans ce rêve peuplé de chiens, dans un monde de tous les possibles, où il est question de conquête spatiale et de voyage dimensionnel.
J’ai refermé mon livre (lu en format ebook) avec regret. J’aurais aimé prolonger cette aventure aux côtés des chiens, mais aussi des robots sauvages et de Jenkins, de voir où l’évolution les mène. Mais voilà, il faut bien savoir s’arrêter, car il ne peut y avoir de fin nette et tout dépend des choix des uns et des autres. Et puis lorsque le temps est venu, peut-être qu’il faut tout simplement savoir s’effacer et laisser la place à une autre espèce ;-)
Bonne lecture.
Voici quelques autres couvertures du livre:
La maison Webster, avec la tondeuse au bras articulé dont il est question dans le premier conte.

Jenkins
Post-scriptum :
Mon chien, Choco, ravi à l'idée de fonder un nouveau monde à son image !
Choco est un cairn terrier , une des cinq races de terrier d’Écosse, et sans doute la plus intelligente ;-)