dimanche 5 septembre 2021

Rhinocéros, de Eugène Ionesco

 

 Il s'agit d'une pièce de théâtre.

L'auteur met en scène quelques personnages dont nous suivons l'évolution au fil de trois actes.

Ces personnages sont représentatifs de notre société, de part leur caractère, leurs idées ou leur position sociale.

Dans le premier acte, l'auteur provoque une situation inhabituelle que nous pourrions qualifier de fantastique, ou fantasque, illogique, à savoir : l'apparition d'un rhinocéros en pleine ville. Ou peut-être même deux rhinocéros. Avait-il une corne ou deux cornes? Impossible de s'entendre là-dessus.

Cet évènement isolé suscite la surprise  générale et alimente les conversations.

Que fait ce rhinocéros dans les rues? D'où vient-il? Que cherche t-il à courir ainsi en tous sens, et écrasant tout sur son passage? C'est un fou dangereux!

Les conversations vont bon train, mais au final la vie continue et l'apparition de cet animal n'est qu'un évènement anecdotique.

Dans l'acte 2, ce qui était anecdotique devient plus présent, prend de l'ampleur et perturbe la vie quotidienne et impact la bonne marche du travail au bureau.

Petit à petit, l'orientation des conversations change. La bestialité et la stupidité des rhinocéros sont modérées, son comportement est moins critiqué. On lui témoigne même de l'indulgence. 

Certains adhèrent  à ce nouveau mode de vie et choisissent de " muter" afin de rejoindre ce troupeau fou arpentant les rues.

Dans le dernier acte, toute la société bascule dans cette folie collective. Pourquoi?

Pourquoi pas! Puisque tout le monde change de point de vue, même le patron, l'intellectuel et le rationnel. Cela ne doit pas être si mal finalement, d'être un rhinocéros.

Ces animaux sont si beaux et forts...

A quoi bon rester seul contre tous?

Un seul personnage échappe à cette mutation. Il s'accroche à son humanité et à sa singularité, même s'il flanche à un moment, désespéré de se retrouver absolument seul et faible, face à toute une société de rhinocéros tournant en rond, sans but.

Mais la mutation n'opère pas alors notre héros décide de continuer à résister, à se battre pour le restant de sa vie, même s'il doit être le dernier Homme sur Terre.

Cette œuvre illustre bien ce qui est désigné en psychologie ou en sociologie par le terme de " Preuve sociale". Ou comment les gens sont influencés par ce que fait ou pense la majorité, même si cette majorité pense mal et agit mal.

Comment toute une société peut se mettre en mouvement et basculer dans une folie illogique, une machinerie puissante qui embarque dans son sillage même les esprits les plus logiques et les plus attachés aux valeurs humaines.

Ceux qui ne suivent pas ce phénomène majoritaire deviennent alors des marginaux, des individus seuls qui avancent à contre-sens, condamnés à une lutte incessante.

Seuls mais néanmoins toujours fidèles à leurs valeurs, à leur humanité.

 


 

 

3 commentaires:

  1. L'absurde face à son antonyme, la logique. Jusqu'à ce que les polarités s'inversent. La loi du nombre, la ghettoïsation de la pensée divergente, l'individu et sa pensée unique noyée dans celle collective qui emporte tout. La standardisation de l'être dans la multitude. Le syndrome du lemming

    https://www.youtube.com/watch?v=YvvIdoAOSpw

    .... La réflexion est intéressante.



    Cela faisait un bon bout de temps que nous n'avions pas eu, ici, le plaisir d'une chronique nouvelle. Voilà qui est fait.

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