vendredi 29 octobre 2021

La Passeuse d'histoires, de Sejal Badani

 

Jaya est une américaine moderne, d'origine indienne. Du pays natal de ses parents, elle ne connait rien.

Elle va pourtant s'y rendre, seule, suite au décès de son grand-père maternel.

Jaya vit un drame personnel qui a complètement ébranlé le cheminement planifié de sa vie. Incapable de donner la vie et au bord de la rupture avec Patrick, son mari, elle décide de fuir et de partir à la rencontre de l'histoire de cette famille dont elle ignore tout et qu'un secret semble ensevelir.

La partie indienne du roman tourne autour de l'histoire d'Amisha, la grand-mère maternelle de Jaya. 

Amisha, la passeuse d'histoires...

A travers sa vie, l'auteure nous entraine dans l'Inde des années vingt à trente, sous l'occupation britannique.

Le destin et les choix de cette femme exceptionnelle, racontés à Jaya par Ravi, le vieux serviteur et ami d'Amisha, mettent en lumière et expliquent certains aspects et comportements de Lena, la mère de Jaya, et ouvrent les yeux de cette dernière sur sa propre vie.

Traditions, codes sociaux, ordre établi... autant de freins à l'épanouissement personnel et à la liberté individuelle.

Les coutumes donnent pourtant une identité au groupe, au pays et constituent une richesse et ce qui différencie chaque nationalité.

Pour autant, n'est-il pas nécessaire de les abolir lorsqu'elles sont injustes? Lorsqu'elles provoquent de la souffrance? 

Ne faut-il pas faire preuve de souplesse et d'adaptation lorsque le destin s'insurge et demande plus que ce dont il a droit?

La Passeuse d'histoires et un beau roman, dépaysant, forcément, mais qui au delà de ça pousse à la réflexion et invite chacun d'entre nous à la bonté, au courage de prendre les bonnes décisions, à bousculer l'ordre établi si on estime que c'est nécessaire et surtout à ne pas perpétuer l'inacceptable.

Il faut également mentionner le côté historique du roman. En effet, cette période se déroule dans un climat d'affrontements entre les "indigènes", comme les appelaient à l'époque les colons britanniques, et cette présence étrangère, de plus en plus contestée, sous l'impulsion de Gandhi.

Le parallèle entre l'Amérique du Nord et l'Inde, et entre la période actuelle et celles des années 20-30 incite aussi à relativiser et modérer nos appétits matérialistes.

Le bonheur ne se limite pas forcément à des possessions.

La chaleur humaine, l'amitié, la générosité, la compréhension, le dialogue, la vraie présence, le regard sincère, sont autant d'éléments indispensables à une vie plus douce.

Bonne lecture. 



 

6 commentaires:

  1. Tentante chronique. Comme d'hab, concise et bien menée, qui révèle sans trop en dire. On devine un destin de femme modifié par une révélation sur un passé familial enfoui, géographiquement et sociétalement lointain. Et puis l'époque, celle d'un colonialisme qui, on le sent toujours, à laissé des empreintes durables. Un pays entre deux eaux, entre modernité et traditions. Tentant, je réitère...

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    1. Ce roman traite des sujets graves, mais cela est fait avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse...Les choses sont loin d'être roses.

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    2. J'avoue (honte à moi) ne pas savoir grand chose de Gandhi mis à part qu'il semble avoir été un levier important de la décolonisation britannique du pays. Les années 20's et 30's que tu mentionnes sont t'elles d'importance dans le processus libérateur ? Le roman y accorde t'il une place véritablement historique où n'est qu'un background évocateur de l'époque ?

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    3. je ne connais pas gd chose non plus à Gandhi.. dans le roman on va dire que c'est en arrière fond de l'histoire principale. Les discours sur la liberté vont avoir un impact à tous les niveaux de la vie des indiens.

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  2. C'est en ça que j'aime la littérature étrangère. Elle nous donne à sentir l'étranger, à le comprendre, le vivre et les choses suggérées, à peine évoquées sont pour les lecteurs étrangers tout une mise en contexte salvatrice pour nous inviter à l'empathie. Pour autant, je n'ai pas trouver de quoi me satisfaire avec le peu de litté indienne que j'ai lu.

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    1. moi aussi je n'ai pas lu beaucoup de littérature indienne, en comparaison avec l'asiatique :-D

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