D’après le dictionnaire Larousse, voici la définition de « la
curée » :
Ensemble de certaines
parties du cerf, du chevreuil ou du sanglier, et même du lièvre, qu'on donne
aux chiens.
Dans la littérature :
Ruée avide pour s'emparer des biens, des places, des honneurs laissés vacants.
Voilà une manière de résumer ce deuxième volet des
Rougon-Macquart.
L’histoire se passe quelques années après « La fortune
des Rougon », dans la deuxième moitié du 18ième siècle, sous le
second Empire (Napoléon III).
Le personnage principal est ici Aristide Rougon, qui change
de nom et se fait désormais appeler Saccard. Quelques autres personnages de sa
famille sont également présents et contribuent à tisser une nouvelle toile,
comme un instantané de vie parisienne, à une époque de grands chamboulements et
d’opportunités folles.
Aristide va quitter son Plassans natal, avec sa femme sous
le bras et presque pas un sou en poche. Ses dents longues d’ambitieux
opportuniste vont faire de lui un spéculateur peu scrupuleux, un amasseur d’or
sans limite.
Emile Zola a choisi d’installer son récit dans les ruines de
Paris, les nouveaux boulevards et les beaux quartiers qui voient le jour sous
les brassées de pièces d’or des messieurs distingués et de leurs épouses
frivoles. C’est un étalage de richesses, un flux de dépenses monumentales, un
tourbillon de plaisirs étourdissants.
Veuf de sa première femme, Angèle, Aristide va épouser Renée,
riche jeune femme excentrique qui sera la vitrine de cette richesse
outrancière. Belle, jeune et insatisfaite, elle va glisser dans la honte de l’inavouable…
L’auteur a exposé l’éclat de cette société bling-bling, tout
en creusant ses fondations vaseuses et pourries.
En considérant cette histoire, je trouve qu’il ne se passe pas
grand-chose, au sens « action » du terme. C’est plutôt une étude sociétale,
dans un lieu donné (Paris), à une époque
précise (la reconstruction de la ville avec de nouveaux quartiers), et la manne
financière que cela a engendré, charriant une débauche de luxe.
L’intérêt de cette lecture a été pour moi cette facette que
je ne soupçonnais pas concernant la planification de Paris telle que nous la
connaissons aujourd’hui. Ce jeu des spéculations enrichissantes lorsqu’il s’agit
d’anticiper la destruction puis la reconstruction urbaine.
A présent « Le Ventre de Paris » m’attend très
prochainement !
Bonne lecture ;-)
J'entrevois çà d'ici. Rien que le titre, déjà, donne une pleine idée, bien ronde et précise. J'ai dans l'impression que s'y adonner, à cette curée barbare, donnera l'impression de proies raclées jusqu'à l'os, pompées de leur moelle. Les vieux quartiers seront vidés lentement par la force de la misère qui gène et qui fait tâche, de ces crève-la-faim que le pouvoir ne contrôle plus ou mal, là où mijote le contre-pouvoir. Haussmann promet un bel écrin luxueux à la démesure de ceux qui peuvent se payer la modernité, les larges avenues et les derniers progrès technologiques. La misère, comme une plaque tectonique glisse alors vers la périphérie immédiate, se translate au plus près et la grande escroquerie se poursuit. Les rats de la finance et de l'immobilier sont de sortie, dents à rayer le sol. Ce tome à venir dans ma continuité de lecture de tous les Rougon-Macquart va sans doute être l'un de ceux qui vont le plus me hérisser le poil (la problématique n'est t'elle pas d'actualités). J'espère y trouver Zola au plus incisif de sa manière.
RépondreSupprimerBelle chronique.
Rien qu'à lire ton commentaire ( Avin, j'imagine? ;-) ) je sens que ta chronique pour ce roman sera grandiose! Tu vas admirablement décrire cette curée parisienne !
SupprimerCheyenne, désormais, il faut l'appeler Alvin (ou Unknown peut-être?).
SupprimerNicolas, je me suis tellement habituée à Avin que je crois que ça va rester à vie! :-D
SupprimerOui, Unknown, c'est Alvin Morganex de la convergence des //S. J'étais ailleurs (pour peu de temps en définitive) sur une machine qui n'était pas la mienne, que les pinceaux se sont mélangés.
SupprimerPourquoi "Unknown" ????????
RépondreSupprimerLa finance et la politique sont deux mondes que j'adore, deux entités transparentes comme l'eau la plus pure, bénévoles et altruistes, à l'humble service du pot de terre. Je me demande comment,sans eux, pourrait si sainement tourner notre petite planète si naïve et généreuse. Non, vrai, sans rire, les éternels Zorro de la justice et de l'égalité fraternelle.
C'est vrai qu'il y a pas à proprement parlé d'actions mais j'avais adoré le cynisme et les magouilles autour des investissements immobiliers. Puis la transformation de Paris aussi.
RépondreSupprimerN'ayant pas encore lu "La curée" je ne peux pas comparer la densité d'action entre les deux épisodes. Mais si les passages consacrés à l'histoire sociale des RG ne m'ont pas pesé, j'ai trouvé un peu longuettes et appuyées les descriptions hivernales déployées autour des nuits chastes de Miette et de Sylvène.
RépondreSupprimerSylvère, non?
SupprimerOui, des fois il abuse, le Zola!
J'ai trouvé très belles les descriptions de la nature, poétiques et inspirées. L'atmosphère s'y prêtait. Mais je les ai trouvé trop omniprésentes.
SupprimerOui, Sylvère, pardon...!
Dans La faute de l'Abbé Mouret, tu vas déguster des descriptions de nature jusqu'à la lie. mais ça justifie stylistiquement l'histoire. Du grand art. Mais pas facile à ingérer.
Supprimerah j'adore! je sens que Zola et moi on va être potes :-D :-D :-D
SupprimerCes descriptions ne sont t'elles pas en accord avec les standards romanesques de l'époque qui les imposaient peu ou prou, par nécessité, par habitude, par respect des normes et traditionnalisme...? Souvent, chez d'autres que Zola, cela brise le rythme de l'intrigue quand, chez lui, le repère temporel est toujours sauvegardé et le lecteur ne perd pas pied.
SupprimerToujours est t-il que l'on parle ici d'ingrédients de belle littérature imposée en milieu scolaire qui, perso, me poussaient à renâcler alors qu'age venant je les accepte plus facilement, voire même les recherche.
Je ne suis pas certain que cela soit un standard mais je n'ai pas de souvenir de Balzac et autres classiques de l'époque. En tout cas, les descriptions chez Zola relève de sa volonté littéraire de naturaliste.
SupprimerEt Zola ne devrait jamais plus être au programme, c'est bien trop riche. Il faut une pratique courante et variée de la littérature pour l'apprécier.
Je ne souviens avoir planché au lycée (années 1970) dans des descriptions légumières issues du "Ventre de Paris. J'ai un souvenir plus sobre en ce domaine de "La bête humaine".
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