Faut-il sauver l’humanité ? Les hommes ont-ils leur
place sur cette planète ?
Épineuse question à laquelle les derniers hommes sont
confrontés dans ce récit post-apocalyptique dessiné par Pierre Bordage.
L’humanité est réduite à quelques tribus, nomades pour la
plupart, et survit tant bien que mal sur une planète saccagée, polluée,
dangereuse.
Une troisième guerre mondiale, ultime désastre nucléaire et
biologique, a eu raison de toute forme de civilisation sur Terre.
L’histoire se passe quelques cent ans après cette terrible
guerre. Le passé semble effacé, les connaissances oubliées, les religions
ignorées.
Solman, le héros de ce roman, est un donneur (il a le don de
clairvoyance) du peuple aquariote, le
peuple de l’eau.
L’eau, cette ressource vitale, est toujours présente, mais
mortelle. Les aquariotes, grâce au don de leurs sourciers, sont capables de
détecter les quelques réserves souterraines encore saines, et sont donc chargés
de l’extraire et de la distribuer aux autres tribus.
Les aquariotes sont aussi les seuls à se déplacer à l’aide
de camions de l’ancien temps, engins indispensables qui leur permettent de
tracter les citernes du précieux liquide et de sillonner l’Europe d’est en
ouest.
Voilà, le décor est posé, il ne reste plus qu’à suivre
Solman, entouré de ses amis, de son peuple, des autres peuples, et l’apocalypse
qui va s’abattre sur eux.
Dans ce futur imaginé par Pierre Bordage, toute l’organisation
humaine est chamboulée, mais malgré cela, nous observons les mêmes
comportements, les mêmes bassesses, les mêmes conflits, machinations et soif de
pouvoir que de nos jours et de tout temps. L’homme est-il destiné à perpétuer
des comportements identiques ? Sera-t-il capable de se regarder en face
afin de changer son futur ? Une autre espèce, plus évoluée, plus
respectueuse de la vie sur Terre, devrait-elle le remplacer ?
Comme toujours avec cet auteur, j’ai été happée dès les
premières pages et précipitée dans ce récit que je n’ai plus lâché, avide de
connaitre le déroulement des péripéties de Solman, de connaitre le sort de ces
derniers hommes…
Et vous, pensez-vous que la Terre se porterait mieux sans
nous ? L’espèce humaine devrait-elle disparaitre définitivement ?
Devrait-elle être remplacée par une espèce plus évoluée ? L’homme
sera-t-il capable, une fois au pied du mur, de changer radicalement ses
comportements, sa conscience, afin de sauver sa planète, de se sauver lui-même ?
Quelques extraits:
* " Nous, les sourciers, nous avons reçu le pouvoir de trouver l'eau, de perpétuer la vie. Et nous sommes jaloux de ce pouvoir.
- C'était le grand principe des religions mortes, intervint Solman. Faire croire à leurs adeptes qu'ils appartenaient à une élite. "
* Que la race humaine s'éteigne, quelle importance?
Elle avait sauté sur toutes les occasions de faire de sa terre un enfer, au nom des dieux, au nom des croyances, au nom des principes, au nom des territoires, au nom de toutes les supériorités guerrières, intellectuelles, religieuses ou esthétiques qu'elle s'était arrogées comme des devoirs ou des droits.
* " Nous, les sourciers, nous avons reçu le pouvoir de trouver l'eau, de perpétuer la vie. Et nous sommes jaloux de ce pouvoir.
- C'était le grand principe des religions mortes, intervint Solman. Faire croire à leurs adeptes qu'ils appartenaient à une élite. "
* Que la race humaine s'éteigne, quelle importance?
Elle avait sauté sur toutes les occasions de faire de sa terre un enfer, au nom des dieux, au nom des croyances, au nom des principes, au nom des territoires, au nom de toutes les supériorités guerrières, intellectuelles, religieuses ou esthétiques qu'elle s'était arrogées comme des devoirs ou des droits.
J'ai lu ce roman quand il est paru en 1999 et 2000 en 6 fascicules Librio (10 francs l'unité). Il me pose problème car je n'en ai plus que de brefs flashs en guise de souvenirs de lecture: un convoi de camions fuyant (?) en quête de pétrole (?) ou d'eau (?) ou des deux (?), je me souviens de montagnes, de déserts, de conduite dans la noirceur de fumées...enfin bref, c'est flou. Impossible de me souvenir si cela m'a plu ou pas. "Les derniers hommes" en Librio a du paraitre sous forme de feuilleton, vraisemblablement de mois en mois, ce qui expliquerait une si peu nette empreinte dans ma mémoire. Toujours est t'il que je ne l'ai plus en collection. Alors quoi..? Un prêt copain, un prêt médiathèque..? Une perte suite à une inondation de cave..?
RépondreSupprimerJe sortais de "Les guerriers du silence" (trilogie du même auteur) qui par son caractère planet-opera flamboyant m'avait plutôt emballé. J'y avais apprécié le talent de conteur de Bordage, il a des choses à dire et sais les écrire.
"Les derniers hommes" me fait penser à Simak ("Demain les chiens") et à Andrevon ("Le Monde enfin") qui véhiculent sous des formes très différentes, humaniste chez le premier, plus directe chez le second, la question de savoir si l'homme, responsable de sa destinée, est capable d'infléchir son comportement vers sa survie et plus de respect de ce qui l'entoure, et tout particulièrement de la nature. Mon opinion, sur une voie à peine différente, rejoint celle de Walter M. Miller dans "Un cantique pour Leibowitz": l'humanité vient à peine de se redresser d'un cataclysme guerrier nucléaire qu'elle se précipite vers un deuxième conflit de même nature. Ne pas apprendre de ses erreurs, toujours aller vers le pire, sans espoir.
RépondreSupprimerQuant à se poser la question de savoir si l'homme au pied du mur en 2019 est capable de redresser la situation, je répondrai qu'il est dans cette situation depuis bien longtemps, que la SF lanceuse d'alerte a tiré les signaux d'alerte depuis belle lurette et que le post-apo n'était pas une nouveauté quand "Les derniers hommes" est sorti en librairie.
RépondreSupprimerQuand on regarde ce qui se passe de nos jours, je pense vraiment que l'humanité n'est toujours pas prête à amorcer un grand changement, dans sa façon d'exploiter la nature, dans la manière qu'ont les peuples de se considérer les uns les autres..
SupprimerIl y a encore beaucoup de chemin à faire. Peut-être qu'on ira jusqu'à l'autodestruction comme ça..
c'est dommage pour la planète, dommage pour la faune et la flore..
Je me souviens que quelque part ailleurs, sur un forum SF, avoir soutenu la position d'Andrevon ("Le Monde Enfin") et d'avoir subi une volée de posts sous prétexte que son extrémisme écologique était déplacé.
Supprimerje pense qu'il faut savoir être réaliste, c'est que comme ça qu'on peut avancer.. c'est pas en se voilant la face qu'on va y arriver!
SupprimerL'écologie divise très profondément quand tant de forces humaines ou économiques à l'oeuvre pèsent dans un sens ou un autre.
Supprimerl'écologie devrait aller de soi.. préserver sa demeure devrait être une priorité, il me semble ..
SupprimerOn est quelque part entre un ancien monde et un nouveau, tout se résume à des amarres à lâcher...
SupprimerJe ne pense pas l'Homme capable de changer sans obligation (crise). Nous sommes devenus si égoïste…
SupprimerNous l'avons même sans doute toujours été mais l'impact sur la Terre "s'exponentialisant" les égratignures cicatrisables sont devenues blessures mortelles.
SupprimerIl existe un roman SF assez récent(2006) signé Jean-Marc Ligny, intitulé "Aqua TM", Folio SF 526, qui sur un mode voisin (le camion et la quète) de "Les deniers hommes" reprend les problématiques écologiques (et surtout climatiques). C'est une édition très largement revue et augmentée d'une parution antérieure.
RépondreSupprimerhttp://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-SF/Aqua
Supprimerhttps://www.babelio.com/livres/Ligny-Aqua-1993/827323
SupprimerMalevil de Merle
SupprimerL'Hiver éternel de Christopher
La route de (me souviens plus)
... et tant d'autres...!
Le discours écologique me fatigue passablement car il ne peut pas fonctionner sur les humains que nous sommes devenus. Protéger la nature, la terre n'a aucun sens et c'est pour ça que ça ne fonctionne pas. Sauver des singes ou des éléphants en voie de disparition, pas plus. Quand on se rendra compte qu'il n'est pas la peine de mourir pour vivre au paradis, ce sera trop tard. Des degrés en plus impliquent beaucoup de changement sur nos vies qu'on est pas près à encaisser. La Nature se remettra de rapidement de notre passage, j'ai aucun souci pour la Terre. Quand à la biodiversité, le jour où on se rendra compte qu'il y a possiblement le moyen de nous soigner de tout dans cette variété, on sera moins con de la protéger.
RépondreSupprimer@Nicolas:
RépondreSupprimerCitation: "La Nature se remettra de rapidement de notre passage"
>>>>> Eh oui. Et en conséquence ce n'est pas tant elle qui est en cause que nous, dessus, destructeurs impénitents à flirter avec notre propre survie..!
je ne pense pas que la Terre se remettra " rapidement " de notre passage... les pollutions sont telles, que ça va prendre des milliers d'années ( pollutions nucléaires notamment )
SupprimerJe pense qu'ici il n'est pas question de l'Homme comme repreneur mais de quelque chose d'autre (?) qui nous remplacera avantageusement à court terme une fois la Terre ragaillardie.
SupprimerIl semble qu'à Tchernobil, la radioactivité est moins nocive que la présence humaine. Nul doute que la nature saura s'arranger du nucléaire. Mais c'est ce que nous faisons de plus sale pour la planète. Pour le reste, je ne donne pas 50 ans à une ville abandonnée pour se faire bouffer et digérer par la végétation.
SupprimerAvin, tu as raison, dans ce roman il n'est pas question de l'Homme comme repreneur.. c'est à découvrir dans le livre ;-)
SupprimerNicolas, on verra bien comment ça va se passer, dans le futur..
Supprimer@nicolas:
SupprimerCitation: "je ne donne pas 50 ans à une ville abandonnée pour se faire bouffer et digérer par la végétation."
>>>> A ce sujet, un grand "liquidateur" SF de Terre déboussolée, J.G. Ballard, s'est essayé à quatre apocalypses: https://www.humanafterhal.com/4-apocalypses-science-fiction-ballard/. L'auteur y use d'une belle prose si poétique qu'elle en relativise la dureté de propos.
Le pire des romans post-apos me parait être "Le troupeau aveuble" de John Brunner qui tire à boulets rouges. Sans concession.
@Cheyenne:
SupprimerCitation: "Avin, tu as raison, dans ce roman il n'est pas question de l'Homme comme repreneur.."
>>>> Je ne me souviens plus. Aux yeux de Simak, demain c'est les chiens. Quant à Bordage, qu'a t'il donc pu imaginer...? Sa solution (s'il y a même solution) n'est sans doute pas si éthérée au regard de ce qu'il décrit avant.