Comme presque toujours avec les romans de Bordage, j’ai
refermé cette petite merveille avec un sentiment de joie au cœur.
Cette histoire m’a permis de m’évader, dans un autre temps,
et dans un environnement façonné par un auteur à l’imagination toujours aussi
débordante et pleine de surprises.
Dans ces fables, l’auteur nous entraine dans un bond
prodigieux vers le futur. Notre futur, un temps lointain et fantastique où nous
avons disparu ! Plus de traces de nous, ou si peu.
Il reste bien quelques vestiges, disséminés à travers le
globe, mais le temps a quasiment tout effacé.
Les habitants de la Terre ne sont
plus tout à fait humains. Ils sont ce que l’on pourrait qualifier de presque
humains, ou plus exactement de presque animaux, puisqu’au fil des générations,
les caractères de l’animalité prennent le dessus.
Nous avons donc des clans, organisés en communautés, chacune
ayant son territoire, sa fonction, son rôle à jouer dans la survie du groupe.
Il y a d’un côté les communautés de proies, tels les mêles (hommes-moutons),
les bêles ( hommes-chèvres), .. etc , ce sont des clans de paysans,
cultivateurs ou éleveurs d’animaux dits purs ( ceux que l’on connait, comme les
oies, les moutons, …etc).
Et puis il y a les clans des seigneurs prédateurs. Les
hurles (hommes-loups), les siffles ( hommes-serpents).. etc
Les clans de proies doivent une soumission et une obéissance
totale aux clans de prédateurs. Et tout ce petit monde est soumis aux lois de l’Humpur,
dont le gardien est…. Le clergé ! Gare à celui qui ose transgresser les
lois, les interdits et tabous de l’Humpur. Le châtiment dans ce cas est
terrible (écartèlement et ébouillantage sont au menu).
C’est très humain finalement, ce schéma, d’autant plus que les
conditions de vie de ces presque animaux ressemblent beaucoup à notre
moyen-âge, jusqu’à leur « parlure », une sorte de langage inventé par
l’auteur, parfaitement compréhensible, mais qui rappelle fortement les
tournures moyenâgeuses.
Quelles sont donc ces lois de l’Humpur ?
Ce sont des lois divines. Et qui sont les dieux de l’Humpur ? Nous, les hommes-purs.
Notre héros s’appelle Véhir et c’est un grogne. Autrement dit
un homme-porc. Le porc, cet animal si proche de l’homme…
Véhir est différent des membres de sa communauté, des
cultivateurs lourds et soumis. Lui est un rebelle, un esprit libre qui veut s’échapper
du carcan d’une vie toute tracée.
Une rencontre en particulier va lui insuffler l’envie de la
connaissance. A partir de là, il va suivre un chemin initiatique, à la
recherche de l’homme pur, pour comprendre comment et pourquoi les humains ont
disparu, pourquoi ont-ils régressé au point de retourner à l’animalité, au
point d’oublier leur propre histoire, la lecture et l’écriture.
Du pays de la Dorgne au Grand Centre, il va vivre des
aventures parsemées de dangers, mais aussi de rencontres, se faire des amis de
communautés différentes, chose impensable jusqu’alors…
Ensemble ils vont ouvrir leur conscience et libérer ce qu’il
y a au fond de leur cœur.
Les fables de l’Humpur racontent l’Homme. L’Homme et son
avidité, l’Homme et sa folie des grandeurs, l’homme et sa tendance à toujours
reproduire les mêmes erreurs, depuis la nuit des temps… Mais c’est aussi, comme
souvent avec Pierre Bordage, un cri d’alarme et un espoir possible, pour peu qu’on
le veuille vraiment, et que l’on agisse dans ce sens.
Un très beau roman, fantastique, d’aventure, initiatique, mais aussi d’amour
et d’amitié.
Belle chronique. On sent l'intérêt porté au récit et à l'auteur. Cheyenne: spécialiste es-Bordage.
RépondreSupprimerL'auteur a la réputation d'être un conteur hors pair; je l'avais constaté avec "La Trilogie des Guerriers du Silence" qui m'avait scotché le long de ses trois gros tomes. De lui, je connais en outre, et c'est peu au regard de sa bibliographie qui commence à être conséquente: "Les derniers hommes" et "Mort d'un clone" (bof bof, récit atypique qui a connu un étrange cheminement jusqu'à sa parution)
A la lecture d'autres 4 de couv je m'aperçois que Bordage semble être en outre tous-terrains en invitant ses lecteurs vers des horizons semble t'il très différents à chaque fois. Quel grand écart entre "Les derniers hommes" et "l'Humpur".
En lisant ta chronique je n'ai pas pu m'empêcher de tisser un parallèle entre ses fables et "Demain les chiens" de Simak: les hommes disparaissent (pourquoi ?) et les chiens prennent la place dominante. La forme est sans nul doute très différente, le monde de Bordage semble plus complexe et argumenté...
Puisque tu l'as sous la main, faudra que tu t'y colles un de ces quatre, hein!
SupprimerPour Demain les chiens, j'ai noté mentalement ce titre.. si je tombe dessus je le prends :-)
j'ai l'impression que Bordage utilise souvent la religion comme avenir possible. En tout cas, comme pour les autres titres de l'auteur, celui-ci est tentant.
RépondreSupprimerNon, l'avenir dans cette histoire n'est pas du tout ce que tu crois ;-)
SupprimerMa mam's vient de finir de le lire, et elle m'a dit que ça lui a beaucoup plu, et que c'est une grande leçon de philosophie que Bordage a voulu nous transmettre à travers les péripéties de son héros :-