Eric Arthur Blair, a écrit cette œuvre majeure alors qu’il était malade de la tuberculose, dont il décéda en 1950.
Ce roman, politique et visionnaire a été emprunt du contexte de l’époque, avec ses guerres et sa misère, mais aussi par l’état de santé de l’auteur, qui savait sans doute ses jours comptés.
C’est un récit sans espoir aucun.
Je l’ai lu il y a quelques années, mais étant donné notre contexte de vie actuel, je me suis dit qu’il serait utile de le relire afin de voir en quoi il était visionnaire comme tout le monde le dit, et de voir les points de similitudes avec ce que nous vivons.
Le héros de cette histoire est Winston Smith. Mais comme j’ai dit que c’était un roman sans espoir, notre héros finira en héros déchu.
Winston vit à Londres, qui fait partie de l’Océania. Le monde imaginé par Orwell est en effet divisé en trois super puissances qui se partagent tous les territoires de la planète et se livrent une guerre perpétuelle, sans gagnant et sans issue franche.
Ces trois puissances sont organisées sans doute sur le même modèle, mais le roman se concentre uniquement sur ce qui se passe dans l’Océania, où règne l’Angsoc , que l’on pourrait traduire par du socialisme anglais.
La vie dans cette société est tout simplement épouvantable. C’est la dictature ultime, celle qui a supplanté toutes celles qui l’ont précédée à travers l’histoire de l’humanité et qui a trouvé le moyen de durer éternellement.
Tout est soigneusement expliqué et démontré à travers les pages de ce livre, et notre pauvre Winston suit le cheminement de cette compréhension en même temps que le lecteur.
Le cœur de cette dictature est le contrôle absolu sur les individus, principalement les membres du Parti, l’organe politique qui incarne cette aberration, symboliquement dirigé par le fameux Big Brother, personnage omniprésent et éternel lui aussi. La masse de la population, que l’on désigne par prolétaires, est laissée livrée à elle-même, dans le dur labeur et la misère du quotidien. Ignorants et indifférents, les prolétaires ne sont que très peu contrôlés.
Les membres du Parti sont donc impitoyablement contrôlés, à tout moment, nuit et jour, et partout. Il n’y a plus aucun confiance entre les individus, qu’ils soient collègues de travail, mari ou femme, ou même entre les parents et les enfants. N’importe qui peut être dénoncé à tout moment et emporté par la police de la pensée. Car le crime ultime, celui que tout le monde craint, c’est le crime de la pensée, c’est-à-dire la non-orthodoxie vis-à-vis du Parti.
Même si vous êtes capable de contrôler votre corps, vos gestes, les émotions sur votre visage, vous pensez pouvoir garder votre esprit libre, avoir vos propres opinions, et des sentiments dans votre cœur ? Eh bien non, même pas, car Ils finissent par vous coincer, car Ils savent tout. Si vous commettez le crime par la pensée, vous êtes condamnés, ce n’est qu’une question de temps.
Le modèle sociétal décrit par l’auteur est complètement fou. Tout est fait pour embrouiller l’esprit, faire perdre toute logique et tout processus sensé de pensée aux individus. Ils doivent accepter sincèrement, au plus profond de leur esprit et de leur cœur, des informations erronées, contradictoires, aberrantes. Si une personne émet un avis contraire à ce qui est énoncé par le Parti, même sur les sujets les plus infimes, les plus anodins, elle est considérée comme criminelle.
Et puis il a le Novlangue, dont un chapitre entier est consacré à la fin du roman et qui vaut le détour.
Le Novlangue est la langue qui deviendra officielle dans l’Océania d’ici 2050, car c’est un travail long et minutieux à mettre en œuvre. Alors de quoi s’agit-il ?
Tout simplement une nouvelle langue, qui remplacera définitivement la langue actuelle. Une langue très appauvrie et simplifiée, car si les mots et le langage sont très limités, la pensée l’est aussi, et il n’y aura alors plus moyen ou alors difficilement, de commettre un crime par la pensée. Le contrôle du Parti sera total, et l’homme définitivement soumis et écrasé.
Je l’avais dit, c’est un récit sans espoir, dont l’issue est de toute façon la mort, et la vie dépourvue de plaisirs, de joie de vivre, de bonheur. Tout n’est que souffrance, terreur, privations.
Lu il y a longtemps, très longtemps.
RépondreSupprimerJ'étais ado (çà marque, et comment).
Ce fut, d'ailleurs, une lecture d'avant 1984, année qui me devint un seuil sociétal à craindre, à anticiper et à surveiller, mais qui glissa furtivement et l'air de rien vers l'an 2000 (autre seuil possiblement fatal).
Les "anticipauteurs" visaient la bascule d'un millénaire vers le suivant; Orwell ciblait, il me semblait, le très très court terme, peut être même le déjà là. Et c'est sans doute ici la force du roman, celle qui, grâce à une multitude de détails imbriqués logiques et implacables, impose une crédibilité de propos effrayante.
Maintenant quand je repense au bouquin, me vient l'image d'Orwell qui, sur son lit de mort, lâche tout de ce qu'il avait retenu jusqu'alors.
Il y eut, me concernant, un après 1984, celui qui me fit craindre et éviter à tous prix les dystopies, les meilleurs des mondes et autres bonheurs insoutenables; Orwell avait ouvert les portes de l'enfer et j'avais eu beaucoup de peine à les refermer.
tu devrais le relire... tu auras une compréhension différentes, maintenant que tu es adulte !
SupprimerHoula. Cà attendra. Le noir c'est noir a besoin de couleurs. Par ces temps je préfère la fraicheur de la tête dans le sable. De la même manière j'évite, depuis peu, les post-apos, surtout écologiques. Le dernier lu remonte à 4,5 ans. C'était Aqua (TM) de Ligny (que je conseille dans sa version définitive, pas dans dans celle au Fleuve Noir Anticipation)
SupprimerMange donc un peu de miel, Avin, c'est sucré, ça met le cœur en joie ! :-D :-D :-D
SupprimerQuand on demande des images à Mr Google en tapant "big brother is watching you", quelle symphonie graphique d'inquiétudes: des yeux durs et cassants, rivés sur qui tape sur le clavier; des cameras braquées comme des armes; du noir, du rouge; des index pointés accusateurs ... etc
SupprimerCitation: "Mange donc un peu de miel, Avin, c'est sucré, ça met le cœur en joie ! :-D :-D :-D " >>>>> Même pas, le doigt gourmand qui chipe le miel, renvoie à l'index tendu de Big Brother. 1984 c'est la fin des confitures de l'enfance, celles, tentatrices, en haut des placards.
Supprimerhttps://media.paperblog.fr/i/78/787137/big-brother-is-watching-you-L-1.jpeg
L'occasion ou jamais de revenir sur un de mes chevaux de bataille. 1984, c'est de la SF, point barre. Ce n'est pas parce que c'est un roman intelligent, ambitieux, réussi et reconnu que ce n'en est pas; c'est parce que les éditeurs ont décidé de racler plus large et de taire ce qui effraie, sur quoi beaucoup se trompe en imaginant ce qu'elle n'est plus depuis belle lurette.
RépondreSupprimerLa re-trad est tout naturellement venue quand les droits sont tombés dans le public; elle ne fait pas, semble t'il l'unanimité pour diverses raisons.
oui, c'est de la SF, on pourrait presque dire de l'anticipation !
SupprimerAu fait, j'oubliais: quelle(s) différence(s) de ressenti(s) avec "Le meilleur des mondes" ?
RépondreSupprimerDans les deux cas, le but est le contrôle total sur la population, mais la méthode est différente, opposée.
SupprimerDans le monde d'Orwell, la domination se fait par la terreur extrême, absolue.
Dans Le meilleur des mondes, c'est par le bonheur, apparent, artificiel, mais le bonheur quand-même, les distractions, .. etc
Sur mes rayons, les deux présentations suivantes:
RépondreSupprimerhttps://images.noosfere.org/couv/l/ldp01210-1969.jpg
https://images.noosfere.org/couv/f/folio0177-1972.jpg
tu as deux éditions?
Supprimermoi c'est une édition Folio
j'ai celui-là:
RépondreSupprimerhttp://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/1984
Tiens, c’est marrant, noosfere signale même une trad signée Philippe Jaworski (Janua Vera, Gagner la guerre …). J’ai des difficultés à associer sa brillante Fantasy à la modernité de 1984. Un peu comme si Big Brother nous surveillait depuis un heaume fermé du moyen-âge, un gantelet de mailles ferrées pointé vers nous. MDR
Supprimerhttps://www.noosfere.org/livres/EditionsLivre.asp?numitem=17&numauteur=433
(l’avant-dernier en bas)
Je reviens sur les images Google typées "Big Brother", je suis étonné de ne pas y trouver des photos de belle-mère. Les gendres n'ont décidément pas d'imagination.
RépondreSupprimerma soeur pourrait proposer sa belle-mère en candidature :-D
SupprimerJe vois çà d'ici, on est en 2021 et elles sont toutes élues miss 1984. Tout de suite çà jette un froid. MDR
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