Thème: Rentrer dans une case
Ma vie toute entière se déroule dans une case.
Je vis dans une société surpeuplée, polluée. Une terre
limitée.
Pour contenir tout ce flot et assurer une discipline
productive, nous devons nous soumettre, entrer dans le moule.
J’ai autrefois connu la joie de la liberté. C’était il y a
si longtemps qu’on dirait un rêve.
De la naissance à l’âge de trois ans, ma vie fut belle,
insouciante, épanouie.
Puis les règles ont fait leur apparition. Contraintes,
obéissance, soumission.
Aujourd’hui je suis adulte et je suis rodée. A force de
courber l’échine, je ne relève plus les yeux.
Les jours se succèdent et se ressemblent.
Je me lève, je m’extrais de ma case, pour me glisser dans la
rame du métro, tube souterrain qui me conduit à mon lieu de travail. Là je
reste dans mon box jusqu’à la tombée de la nuit. Derrière mon écran, j’exécute
les tâches qui me sont assignées.
Obéissance, politesse. Je ne suis rien.
Le soir j’effectue le trajet en sens inverse, pour retrouver
ma case.
Il est tard, je vais me coucher. Bien rangée sur mon
matelas, alignée comme mes voisins, je referme ma bulle.
L’hôtel capsule semble complet ce soir.
Naoko, tokyoïte, 2019.
L'idée est excellente. La chute (étonnante et peu prévisible) est bien amenée. Le texte est court, juste ce qu'il faut, facilement lisible.
RépondreSupprimerIl existe un roman SF sur un thème avoisinant: l'idée de construire des HLM en empilant des containers SNCF. Un occupant par container. Il n'en sort jamais, garde seulement un contact informatique avec ses voisins, et c'est tout. S'il ne s'intègre pas au contexte social local dans lequel son container est inséré: on extrait la boite et on la met ailleurs dans un autre HLM. Son titre: "Le successeur de pierre" (je crois) de Jean-Michel Truong.