mardi 1 janvier 2019

Toyotomi Hideyoshi, Le rêve du Singe, de Charles-Pierre Serain





Après «  Oda Nobunaga », du même auteur et chez le même éditeur (ma chronique ici), nous voici avec le tome 2 d’une trilogie historique qui se déroule dans le Japon du 16ième siècle.

Dans cette fresque, nous faisons connaissance avec les trois grands unificateurs de l’empire nippon. Trois grands personnages hors du commun dont l’ambition était de mettre fin aux guerres de clans, d’assurer paix et prospérité à l’ensemble de la population et de prendre possession du commandement ultime.

Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et… le troisième tome est en cours d’écriture !

Toyotomi Hideyoshi était une personnalité vraiment singulière, un homme qui contrastait avec son entourage à tous points de vue. 

Contrairement aux grands Seigneurs de son temps, lui était au commencement un simple paysan, miséreux, maltraité et ayant un physique ingrat qui accentuait son insignifiance. Les autres guerriers étaient tous descendants d’une lignée de guerriers, suivant un héritage immuable, élevés dans le respect strict des codes de leur classe.
Lui n’était rien mais il possédait une telle volonté qu’il bouscula un destin tout tracé, et se mit en travers du chemin du Seigneur Oda Nobunaga.

De simple porte-sandales, il gravit patiemment, avec intelligence et ruse, tous les échelons d’une ascension fulgurante, jusqu’au sommet du commandement.

Une partie du roman retrace la vie de notre héros, aux côtés de son Seigneur Oda. On y retrouve donc plusieurs références aux évènements vécus dans le premier tome, mais cette fois du point de vue de Hideyoshi, ce qui apporte une autre perspective au récit. 

Ayant lu le premier tome il y a 5 ans de cela, je n’avais plus que de très vagues souvenirs. Je conseille donc aux nouveaux lecteurs de lire ou relire le premier volet, afin d’être dans la cohérence du récit, même si ce roman peut très bien être lu indépendamment. 

Je dois dire que j’ai ressenti beaucoup de sympathie pour ce petit homme si plein d’audace, de gaieté et d’humanité. Ce fin stratège n’a pas hésité à révolutionner les techniques de guerre, en privilégiant la diplomatie à la force destructrice, et à employer les ninjas, ces mercenaires à la mauvaise réputation, afin d’en faire sa police secrète.

Ce qui m’a fait sourire, c’est qu’il contrastait même dans le domaine de la décoration d’intérieur ! Lui employait des boiseries et tatamis clairs au lieu du sombre habituel, donnant plus de luminosité et d’ouverture à ses châteaux.

Charles-Pierre Serain a donné vie à celui que l’on nommait Le Singe, à cause de son sourire simiesque. Il nous a entrainés dans le sillage de ses combats, ses négociations, ses victoires ou ses défaites, parfois. J’ai aimé les moments d’intimité avec ses proches, ses moments de doute, les années qui passent, les épreuves de la vie…

En bref, c’est un roman historique fort intéressant, avec un personnage central attachant. Un récit riche et mouvementé qui m’a appris quantité de choses sur ce bout du monde à l’époque féodale.

Bonne lecture !




13 commentaires:

  1. Cheyenne, le Japon m'est total mystère. J'avais lu sur conseil d'amie "la pierre et le sabre" et "la parfaite lumière". Les deux tomes éclairaient une civilisation totalement autre et poussaient plus avant le lecteur vers d'autres romans. Bousculé par d'autres lectures en PAL je ne l'ai jamais fait. A peine ai-je frôlé avec enchantement mystérieux et beaucoup de questions sans réponse le Japon moderne avec le curieux "empire du soleil" de J.G. Ballard (il m'est livre pour "une île déserte")..? Ta manière de présenter le présent roman, de restituer ton ressenti positif pourraient me pousser à une nouvelle tentative d'exploration.

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    1. Tu sais, quand on embarque pour un voyage dans l'espace et le temps, comme c'est le cas ici dans le Japon du 16ième siècle, on voit forcément nos repères bousculés. Au delà du récit en lui-même, il faut s'adapter aux nombreux mots issus de la culture japonaise (dans ce roman ils sont systématiquement expliqués en note de bas de page, et aussi regroupés en fin d'ouvrage). Mais au fil de ma lecture, j'ai fini par les intégrer; si bien qu'ils ne constituaient plus vraiment un obstacle à la fluidité de la compréhension.
      Dans le livre, il y a aussi un beau marque-page qui contient la liste de tous les personnages importants du roman, avec une courte présentation de chacun, ce que j'ai trouvé fort utile!

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    2. Et le style d'écriture de l'auteur ?

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    3. c'est une écriture simple et agréable :-)

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  2. J'aime la science fiction. S'y engager c'est parfois s'intégrer dans un monde totalement autre (le planet-opera), tissé par l'auteur dans ses moindres détails pour un effet de crédibilité maximale. Le Japon, d'autant plus s'il est médiéval, me fait cet effet là: celui de plonger dans un univers si différent du notre. La SF n'est qu'imaginaire, le roman historique est un écho du passé qui s'essaie à être le plus védique possible. Et pourtant là, là, du rêve à la réalité il y a un parallèle qui m'attire.

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  3. _ Cheyenne : "quand on embarque pour un voyage dans l'espace et le temps, comme c'est le cas ici dans le Japon du 16ième siècle, on voit forcément nos repères bousculés."

    Oui, ces coutumes qui diffèrent tellement de la pensée occidentale, sur cet archipel de l'autre côté du monde, ça interroge et fascine.

    Pour ma part, je n'ai pas beaucoup lu sur le sujet (en documentaire ou en fiction), même si je me souviens, enfant, d'un beau livre de contes (avec beaucoup de moines, de renards, de singes, et de femmes qui n'étaient pas ce qu'elles semblaient).

    Je vous recommanderais néanmoins un court classique : la nouvelle Dans le fourré, dans le recueil de Ryūnosuke Akutagawa, Rashômon (et à l'origine du principe du même nom).


    _ Avin : "S'(...) engager [en science-fiction] c'est parfois s'intégrer dans un monde totalement autre (...) Le Japon, d'autant plus s'il est médiéval, me fait cet effet là: celui de plonger dans un univers si différent du notre. La SF n'est qu'imaginaire, le roman historique est un écho du passé qui s'essaie à être le plus véridique possible. (...) du rêve à la réalité il y a un parallèle qui m'attire."

    En effet, roman historique et SF ne sont pas sans rapport (ils se marient, même, dans l'uchronie).
    Le passé est documenté... jusqu'à un certain point, et dans certains aspects des sociétés, l'écrivain est rendu à la spéculation.
    Un passé lointain (par ex. préhistorique) nous est finalement plus étranger qu'un futur proche, non encore advenu mais dont nous pouvons deviner certains éléments sans grand risque d'erreur.

    En SF, j'apprécie particulièrement Robert Silverberg, qui se plaît souvent à remonter la flèche du temps
    (un de ses jours, j'essaierai de mettre la main sur un de ses livres historiques/documentaires).

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    1. Silverberg est un touche-à-tout de génie. Son passé bibliographique hors SF a, Jim a raison, souvent emprunté aux trajectoires historiques connues et quelques fois aux contrées les plus inattendues. Je pense ici au dense pavé du "Seigneur des ténèbres" qui est la folle et prétendue véridique plongée d'un marin anglais du 16ème siècle en Afrique Noire jusqu'à devenir le Jaqqa blanc d'une tribu cannibale. Enorme, didactique,prenant, à part et surprenant. Et qui plus est: Silverberg est un conteur-né et possède une plume qui s'adapte à l'époque qu'il décrit. Cheyenne, c'est pour toi. Jim a raison.

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    2. https://cdn1.booknode.com/book_cover/1015/full/le-seigneur-des-tenebres-1015408.jpg

      Oui, plus j'y songe, plus je pense que ce bouquin est fait pour toi. De l'Histoire avec un grand "H", une tout autre façon de vivre et quelque part une bonne dose de frissons aussi.

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  4. Mince, Avin, avec la publicité que tu fais au bouquin, si Cheyenne le lit et n'aime pas, ça va chauffer pour notre matricule..! ^^

    Mais je pense aussi qu'on ne prend pas grand risque...

    De plus, Cheyenne, la langue est, à mon avis, superbe (un grand bravo à la traductrice) ; l'auteur essaie d'approcher le langage de l'époque, tout en restant assez moderne pour la lecture demeure fluide.

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    1. Oui, le risque est mesuré tant le roman fourmille de détails qui font de lui un vrai document historique. Le seul écueil me semble l'aspect anthropophage, mais je l'ai, à mon souvenir lointain, bien digéré >>>>>>> [poussez-pas, je sors]

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    2. Je vais essayer de me le faire offrir pour mon anniv' :-D et je vous dirai ce que j'en pense ;-)

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    3. Je viens de le feuilleter. C'est vrai que le simili vieil anglais est marqué. Mais dans mon souvenir, ce n'était pas redhibitoire.

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