lundi 9 février 2015

La méditation m'a sauvé, de Phakyab Rinpoché et Sofia Stril-Rever

 




Voici une biographie que l’on pourrait qualifier à la fois de banale et de singulière.
Banale car les grandes lignes de la vie de ce moine bouddhiste tibétain ressemblent à tant d’autres de ses compatriotes, obligés de fuir leur pays natal afin d’échapper à l’étau de la police chinoise, contraints de s’exiler dans cet ailleurs qui leur est totalement étranger, à tout point de vue.
Singulière car son destin a été marqué par la guérison exceptionnelle de son corps meurtri et condamné par la médecine occidentale.


Yeshi Dorjé est né le 24 juin 1966 dans la vallée du Nyagchu, au Tibet. Il est la huitième incarnation de Phakyab Rinpoché.
Son témoignage a été recueilli par Sonia Stril-Rever, qui est la biographe du Dalaï-lama et enseigne également la méditation et le mantra yoga.  
Phakyab Rinpoché va retracer avec elle le chemin de sa vie, en alternant le récit de certains moments de son enfance avec ceux de l’âge adulte, en tant que moine, abbé, prisonnier et enfin exilé.

Il décrit ainsi certaines anecdotes et scènes de vie des habitants de sa région natale, le Kham. On y goûte l’immensité et la pureté de cette nature majestueuse du pays des neiges, mais aussi la dureté de la vie et sa rusticité.

« Les yaks m’ont enseigné le don de soi, la confiance, le dévouement, la patience, la résistance. »

La connaissance de ce passé est importante car elle aide à la compréhension de ce qui a nourri l’enfant qu’il était, son désir de s’engager sur la voie de Bouddha, son vœu de donner sa vie en offrande à tous les êtres en étant moine.

« J’ai connu cette époque où la nature, tout en prodiguant à nos corps la nourriture nécessaire, communiquait aussi à nos esprits une confiance illimitée. Elle nous ancrait dans une énergie d’abondance et de renouvellement. Démunis sans éprouver ni manque ni frustration, nous étions riches de chaque journée, comblés de la beauté inépuisable des êtres et du monde. »



Différents évènements l’ont conduit ensuite, comme tant d’autres, à être arrêté, emprisonné et torturé pendant 3 mois par la police chinoise. Puis une évasion providentielle a permis son exil aux Etats-Unis. Tout cela est conté avec beaucoup de pudeur, de simplicité et surtout sur un ton dépourvu de colère, de haine ou de soif de vengeance.
Ce qui ressort de ce témoignage, de cette biographie tellement touchante, est un message d’amour et de compassion universelle.

Phakyab Rinpoché a dû affronter, en arrivant sur le sol américain, une dégradation importante de son état de santé, conséquence de son arrestation et emprisonnement…une cheville mal soignée atteinte d’une gangrène, ainsi qu’une tuberculose osseuse qui a peu à peu détruit sa colonne vertébrale, sans parler des nombreux effets secondaires destructeurs de l’antibiothérapie sous laquelle il a dû être placé.

Persuadé de pouvoir être guéri par une médecine qui est à la pointe de la technologie, Phakyab Rinpoché a dû se rendre à l’évidence des lacunes de notre médecine, qui n’a finalement qu’une approche matérielle du corps et des maladies.
Son entrainement spirituel, basé sur les nombreux enseignements qu’il a reçu au cours de sa formation monastique l’ont ainsi guidé vers une guérison totale, après 3 ans de pratique méditative intense et de yogas de l'énergie interne.

Par ce témoignage, il vise à faire prendre conscience de l’existence d’une énergie subtile, guidée par l’esprit et qui est capable, après avoir été stabilisée et préparée, de guérir le corps physique.

Que le lecteur ne s’attende évidemment pas à trouver dans ce livre un protocole de guérison à suivre. Ce serait de toute façon incompréhensible aux non-initiés.
Concernant les pratiques de guérison, ce sont la foi dans les enseignements et la dévotion au maître qui les a transmises qui les rendent opérantes. Et le karma du pratiquant est également un acteur essentiel de la guérison.


Les enseignements qui mènent à l’éveil, les yogas de l’énergie interne sont secrets, car ils doivent être transmis par un maître ayant lui-même un esprit mûri par l’expérience. Celui qui reçoit ce type d’enseignements doit avoir un esprit stable, apaisé et préparé à recevoir cela, sinon sa compréhension ne serait qu’intellectuelle. («  Intellectuellement, on ne comprend que l’écorce de la pratique. Le fruit ne nous est pas donné. »)


Pour finir, Phakyab Rinpoché explique que le bouddhisme n’est pas la seule voie de guérison. C’est à chacun, en fonction de sa sensibilité et son degré de conscience, de trouver son chemin spirituel, suivant sa religion et sa culture.
Il faut aussi signaler que les lamas tibétains ne disent pas qu'il faut refuser les soins de la médecine occidentale, mais simplement de choisir les traitements les plus pertinents en fonction de chaque cas. Les pratiques de guérisons qu'ils proposent ont pour but de potentialiser l'effet des traitements médicaux.


Voici quelques citations extraites du livre:


*«  Même si le Bouddha n’est pas présent, ceux dont l’esprit est sain entendent le ciel, les montagnes et les arbres enseigner le Dharma. Les chercheurs de vérité à l’esprit pur verront surgir le Dharma par la seule force  de leurs prières d’aspiration. » 


(Le Dharma ce sont les enseignements de Bouddha, et aussi le chemin) 


* "J’ai compris alors à quel point il est important de relativiser ses souffrances et de ne pas s’enfermer dans un passé douloureux, ce qui prolonge indéfiniment le calvaire subi. On devient alors son propre bourreau. »



* Naître et mourir se touchent. Le début et la fin de la vie, opposés en apparence, forment une continuité d’événements de conscience. Tel est le mouvement de la roue du temps affectant tout ce qui apparaît dans l’univers, du grain de sable aux galaxies, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. 



*     «  La vraie conquête de l’espace est celle de l’espace intérieur qui contient tous les mondes. Toute autre conquête, d’ordre matériel, est une illusion. »


1 commentaire:

  1. la dernière citation me plaît beaucoup : la vraie conquête de l'espace est celle de l'espace intérieur qui contient tous les mondes....

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